Seconde partie du cours
1.1.4. Les désinences personnelles du nom
Les noms peuvent recevoir une désinence personnelle qu’on appelle également désinence possessive. Par simplification, on adoptera cette terminologie afin de les distinguer des désinences personnelles du verbe, mais l’emploi du terme possessif est abusif, car, au sens stricte, la possession n’est qu’un des emplois de ces marques personnelles. Les désinences possessives sont les suivantes :
Singulier | Pluriel | |
---|---|---|
1 | -ni | -mme |
2 | -si | -nne |
3 | -nsA/-Vn |
Les désinences possessives bloquent l’alternance consonantique. Bien que les désinences de 1ère et 2e personnes du pluriel aient une structure syllabique susceptible de fermer la syllabe finale du nom auquel est ajouté la désinence, aucune alternance consonantique n’est possible :
katumme = notre/nos rue(s)
pukunne = votre/vos tenue(s)
À comparer avec :
kadut = les rues
puvut = les tenues
La désinence de troisième personne est neutre quant à la distinction entre le singulier et le pluriel. Si l’on s’en tient uniquement au nom augmenté de la désinence de troisième personne, il y a ambiguïté quant au nombre de la personne :
taloissansa = dans ses/leurs maisons
La présence d’une désinence de personne au nominatif - et uniquement au nominatif - ne permet pas l’expression du pluriel. Le suffixe de pluriel -t est incompatible avec une quelconque désinence possessive. Dans les exemples suivants comportant une désinence de 1ère ou de 2ème personne, le nom est singulier ou pluriel. Hors contexte, aucun indice ne permet de distinguer le singulier du pluriel :
taloni = ma/mes maison(s)
talosi = sa/ses maison(s)
talomme = notre/nos maison(s)
talonne = votre/vos maison(s)
La combinaison des deux observations précédentes conduit à une double ambiguïté pour la désinence de troisième personne : ambiguïté sur le nombre de la personne (3e personne du singulier ou du pluriel) et ambiguïté sur le nombre du nom :
talonsa = sa/ses/leur/leurs maison(s)
La désinence de troisième personne admet deux formes ; le première -nsA est la seule forme possible au nominatif, tandis que la seconde -Vn est une variante (plus fréquente) de la première pour les cas obliques.
Note : V = voyelle quelconque dont le timbre est fixé par la voyelle finale du mot.
talonsa = sa/ses/leur/leurs maison(s)
talossansa ou talossaan = dans sa/leur maison
taloissansa ou taloissaan = dans ses/leurs maisons
siskollensa ou siskolleen = pour sa/leur sœur
siskoillensa ou siskoilleen = pour ses/leurs sœurs
Une désinence possessive suffixée à un nom ne forme pas avec ce dernier une expression complète. L’expression de la personne met en jeu un constituant discontinu formé d’un pronom personnel génitif et d’une désinence possessive qui s’accorde avec ce pronom génitif. La forme adéquate du possessif de première personne est par conséquent la séquence minun....-ni. Comme le montre le tableau suivant, le pronom personnel génitif est facultatif (placé entre parenthèses) :
(Pronom+GÉNITIF) N°+CAS+PER | |
---|---|
(minun) talossani | dans ma maison |
(sinun) talossasi | dans ta maison |
(hänen) talossansa | dans sa maison |
(meidän) talossamme | dans notre maison |
(teidän) talossanne | dans votre maison |
(heidän) talossansa | dans leur maison |
Avant de voir le fonctionnement des désinences possessives au regard du pronom génitif avec lequel elles s’accorde, il convient de souligner le parallélisme étroit entre les désinences personnelles du nom et les désinences personnelles du verbe. Le tableau précédent est à comparer avec celui de la conjugaison d’un verbe (il s’agit du verbe puhu- parler au prétérit). Qu’il s’agisse d’un nom ou d’un verbe, les désinences personnelles s’accordent avec un pronom personnel facultatif:
(Pronom) V°+TPS+PER | |
---|---|
(minä) puhuin | j’ai parlé |
(sinä) puhuit | tu as parlé |
(hän) puhui | il/elle a parlé |
(me) puhuimme | nous avons parlé |
(te) puhuitte | vous avez parlé |
(he) puhuivat | ils/elles ont parlé |
Aux première et deuxième personnes du singulier comme du pluriel, le pronom sujet n’est utilisé en association avec la désinence possessive que si l’on souhaite insister sur la personne ou marquer un contraste lorsque la personne du sujet n’est pas la même :
Personne du possesseur identique au sujet de la phrase :
(Sinä) otit kirjasi
Tu as pris ton livre
sinä = tu
otit = prendre+PRET+2SG
kirja = livre+2SG
Personne du possesseur différente du sujet de la phrase :
(Sinä) otit kirjani
Tu as pris mon livre
sinä = tu
otit = prendre+PRET+2SG
kirjani = livre+1SG
OU
(Sinä) otit minun kirjani
Tu as pris mon livre
sinä = tu
otit = prendre+PRET+2SG
minun = 1SG+GEN
kirjani = livre+1SG
A la troisième personne, les choses se présentent autrement ; le pronom génitif est obligatoirement absent lorsque la personne du possesseur renvoie au sujet de la phrase, et obligatoirement présent lorsque la personne du possesseur n’est pas la même que le sujet. À noter :le pronom sujet de troisième personne est aussi obligatoire dans une phrase simple (pas de parenthèses) :
Hän otti kirjansa
Il/elle a pris son livre
hän = il/elle
otti = prendre+PRET+3SG
kirja = livre+3
Hän otti hänen kirjansa
Il/elle a pris son livre
hän = il/elle
otti = prendre+PRET+3SG
hänen = 3SG+GEN
kirja = livre+3
Point important : la traduction française ne permet pas de rendre compte de la différence d’interprétation entre les deux phrases. Cela tient au fait que l’adjectif possessif du français son est ambigu dans cette phrase. Dans la première phrase, l’absence de pronom génitif signale que la personne du possesseur est la même que celle du sujet de la phrase. Une traduction plus adéquate de Hän otti kirjansa serait il/elle a pris son propre livre. Dans la seconde phrase, la présence du pronom génitif implique qu’il s’agit nécessairement d’une personne différente de celle représentée par le pronom sujet. Pour être explicite, il conviendrait d’associer à la traduction de la phrase Hän otti hänen kirjansa il/elle a pris son livrel’information son livre = le livre de quelqu’un d’autre.
Étant donné le renvoi à la personne du sujet, l’ambiguïté quant au nombre de la 3e personne est levée par le contexte syntaxique. De même, la présence d’un pronom génitif permet de distinguer le singulier du pluriel. On a donc les deux cas de figure suivant :
hän................kirjansa = son/ses livre(s)
he..................kirjansa = leur/leurs livre(s)
hänen kirjansa = son/ses livre(s)
heidän kirjansa = leur/leurs livre(s)
Quant à l’ambiguïté du nombre du nom, elle disparaît aux cas obliques, ne laissant plus aucune ambiguïté dans l’emploi des désinences de 3e personne :
hän................kirjassansa = dans son livre
he.... .......kirjassansa = dans leur livre
Hän.........kirjoissansa = dans ses livres
he.... ....kirjoissansa = dans leurs livres
hänen kirjassansa = dans son livre
heidän kirjassansa = dans leur livre
hänen kirjoissansa = dans ses livres
heidän kirjoissansa = dans leurs livres
Faire les exercices 9, 10, 11 et 12