5.1. La commutation en phonologie (rappel)

Avant de voir comment justifier la segmentation en morphème, revenons tout d’abord sur le principe de l’opération de commutation en phonologie, et nous verrons ensuite comment il s’applique ensuite en morphologie. C’est donc par cette opération de commutation que l’on peut dégager en phonologie les paires minimales nécessaires à l’identification des phonèmes. La commutation consiste à substituer un son par un autre à un même endroit de la chaîne sonore. Si la substitution donne lieu à un mot qui existe dans la langue alors les deux sons permutés sont deux phonèmes. On peut représenter l’opération de commutation par un tableau à double entrée dans lequel la suite des sons situés sur l’axe horizontal est reprise sur l’axe vertical. Pour chaque ligne, on procède à une et une seule commutation. Dans l’exemple suivant, l’analyse permet d’identifier trois segments phonologiques dans le mot bal, chacun d’eux étant un phonème.

b a l
b m mal (mal)
a y byl (bulle)
l z baz (base)

[b] commute avec [m] ce qui donne mal
[a] commute avec [y] ce qui donne bulle
[l] commute avec [z] ce qui donne base

Cette opération nous renseigne sur deux choses : le mot bal est formé de trois segments et chaque segment est un phonème puisqu’il entre en rapport d’opposition distinctive avec un autre phonème. Bien entendu, il peut arriver que, pour une position donnée dans la chaîne des phonèmes d’un mot, il ne soit pas possible de pratiquer la commutation parce qu’aucun mot de la langue ne correspond à cette séquence de phonème. Cela tient au fait que la langue ne peut pas réaliser toutes les combinaisons de sons possibles. Dans un tel cas, le statut phonologique du segment dégagé sera déterminé par d’autres mots.