Première partie du cours

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Cours: Finnois
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Date: vendredi 22 novembre 2024, 01:25

1.Présentation de la langue

1.1. Géographie de la langue

Le finnois est parlé en Finlande par environ 5 millions de personnes, ce qui représente près de 93 % des Finlandais.

La langue finnoise n’est pas la seule langue officielle de la Finlande, elle partage ce statut avec le suédois qui représente un peu moins de 6% des Finlandais. Cette situation est unique en Europe : aucun autre pays ne place une langue minoritaire sur le même plan institutionnel que la langue majoritaire. Cette particularité s’explique par l’histoire de la Finlande.

Outre le finnois et le suédois, les autres langues parlées en Finlande sont le same (langue des Lapons) et le russe (1%).

Hors de Finlande, on trouve des communautés finnophones en Suède, en Russie, aux USA et au Canada.

Le finnois est en Russie dans les régions limitrophes de la Finlande, plus particulièrement en Carélie et en Ingrie (voir la carte des langues fenniques / document 1) où l’on parle une langue très proche du finnois (carélien et ingrien). Le finnois standard, de par la proximité de la Finlande et de ses médias facilement accessibles (littérature, presse, télévision, radio...) s’est facilement imposé comme langue de culture à ces communautés dont la langue maternelle ne pouvait pas offrir autant de possibilités d’affirmation culturelle face à la langue russe obligatoire. Seul l’estonien, autre langue fennique, a eu en URSS – et a aujourd’hui dans le cadre de l’indépendance de l’Estonie – un statut de langue officielle. Le carélien et l'ingrien, langues très proches du finnois, prolongent en fait les différents dialectes finnois au delà des frontières politiques de la Finlande. Il y a par conséquent un continuum des dialectes finnois et des langues fenniques qui s’étend d’ouest en est ; de la mer Baltique au lac Onega, et du nord au sud, de la mer Blanche aux portes de Saint Petersbourg.

Finnois ou finlandais ? La distinction entre ces deux termes est importante ; la Finlande est composée de Finlandais (ce terme fait référence à la citoyenneté) qui parlent soit le finnois soit le suédois. En aucun cas on utilise le mot finlandais pour parler de la langue. Autre chose : le finnois n’étant pas une langue scandinave ni même une langue indo-européenne, la présence de cette langue en Europe de l’ouest s’explique par une migration de peuplades venues de l’est (près de l’Oural en Russie). Le terme finnois s’applique donc à la langue et aux peuplades qui parlaient la langue qui est à l’origine du finnois moderne. Aujourd’hui, il n’y a pas lieu de distinguer en Finlande deux peuples, deux ethnies. Lorsqu’on parle des Finnois, il convient d’entendre soit les peuplades qui parlaient la langue souche du finnois soit les locuteurs de langue finnoise.

1.2. Histoire de la langue

Les recherches archéologiques les plus récentes attestent de la présence de peuplades finno-ougriennes sur l’actuel territoire finlandais dès le 2e millénaire av. JC. La langue parlée alors n’avait rien de commun avec le finnois. Il est par contre probable qu’il s’agissait d’une langue proche de celle des lapons (le same), présents sur l’actuel territoire de la Finlande bien avant l’arrivée des Finnois.

On estime que les peuplades à l’origine du finnois se sont installées dans le sud de la Finlande peu avant le début de l’ère chrétienne.

Longtemps incorporée à la couronne suédoise, la Finlande n’a eu que le suédois comme langue officielle. La langue finnoise, langue populaire, n’existait alors que par ses différents dialectes. On compte 8 groupes dialectaux réunis en 2 grands groupes dialectaux (les dialectes de l’ouest et les dialectes de l’est).

Avec la propagation de la Réforme (XVIe siècle), les premiers textes en finnois destinés à la pratique religieuse font leur apparition. Les premières grammaires et les premiers dictionnaires sont publiés durant les XVIIe et XVIIIe siècles. La littérature en langue finnoise ne commence véritablement qu’au XIXe siècle.

C’est également dans le courant du XIXe siècle, lors de l’intégration de la Finlande à la Russie (1809) que la langue finnoise devient l’égale du suédois dans l’administration du pays et dans l'enseignement (1863).

Lorsque la Finlande acquiert sont indépendance en 1917, finnois et suédois deviennent les deux langues officielles du pays.

1.3. La langue standard

Le finnois standard est le produit des différents dialectes parlés en Finlande et au-delà à l’est. La normalisation de la langue (fixation de la forme écrite et de la forme orale enseignée dans tout le pays) s’est faite de façon volontaire dans la deuxième partie du XIXe siècle (voir le Document 5 · La langue finnoise, aspects historiques et institutionnels, pour un exposé des aspects historiques et institutionnels de la langue).

On trouve dans la langue des formes concurrentes qui sont le vestige de la fusion des dialectes. Exemple : pour exprimer l’absence de quelque chose, on utilise soit une préposition (dialectes de l’ouest) ilman, ilman rahaa sans argent soit une désinence casuelle (dialectes de l’est) rahatta = raha+tta (raha+abessif) sans argent.

L’évolution actuelle de la langue (notamment à Helsinki) s’est faite à partir du finnois standard qui s’est peu à peu imposé au XXe siècle dans tout le pays au détriment de la pratique dialectale.

La normalisation de la langue étant relativement récente, l’écart entre le finnois standard et les différents dialectes n‘est pas très important. Le finnois standard est la langue que l’on trouve dans la littérature et dans la presse, qu’on entend à la télévision et à la radio, et qu’on utilise dans les situations de langue soutenue. Par contre, l’écart entre le finnois standard et le finnois moderne parlé couramment est plus important, dans la mesure où les mots et les structures des langues indo-européennes ont pris – et prennent de plus de plus – le pas sur les mots et les structures d’origine finno-ougrienne. Sur ce point, l’usage de la langue l’a emporté sur la volonté des normalisateurs qui avaient voulu dans certains cas maintenir, voire même rétablir, des mots et des structures conformes avec l’origine de la langue. Deux exemples simples suffiront à illustrer ce point, un dans le domaine du vocabulaire et l’autre dans celui des structures de la langue :

  1. On utilise aujourd’hui le terme konduktööri contrôleur de train plutôt que junailija (mot fabriqué sur une base finnoise).

  2. L’expression de la possession se fait en finnois standard au moyen d’un suffixe personnel qu’on ajoute au nom à la manière d’une conjugaison : autoni = auto+ni (auto+1SG) ma voiture. Dans la langue courante, on utilise plutôt un déterminant possessif comme en français, en anglais, en allemand... mun auto = ma voiture.

1.4. Caractérisation génétique

Le finnois n’est pas une langue indo-européenne ; il n’a donc aucun rapport – ni de près ni de loin – avec le français. De ce point de vue le farsi (persan moderne) est plus proche du français que ne l’est le finnois (voir le Document 2 · Rapprochement entre l'arbre génétique des langues ouraliennes et l'arbre génétique des langues indo-européennes).

Le finnois n’est pas une langue scandinave bien que la Finlande fasse partie de la Scandinavie. Le finnois n’a donc aucune relation de parenté avec le suédois. Le suédois étant une langue indo-européenne comme le français, le suédois est plus proche du français que du finnois, même si le finnois contient nettement plus de mots d’origine suédoise. D’un autre côté le suédois contient beaucoup de mots d’origine française.

Le finnois est une langue ouralienne. Les langues ouraliennes regroupent les langues finno-ougriennes et les langues samoyèdes de Sibérie. Les langues finno-ougriennes se répartissent en deux grands groupes ; le groupe des langues finno-permiennes dans lequel se trouve le finnois et le groupe des langues ougriennes qui contient entre autres le hongrois (voir le Document 3 · Arbre génétique des langues ouraliennes). Les principales langues ouraliennes sont par ordre d’importance : le hongrois (14,5 millions), le finnois (6 millions), l’estonien (1 million), le mordve (900 000). Les langues ouraliennes s’étendent de manière discontinue des monts Oural à la mer Baltique. Cette distribution géographique correspond à un mouvement migratoire d’est en ouest (voir le Document 4 · Carte des langues ouraliennes).

Le finnois forme avec d’autres langues proches le groupe des langues fenniques. Outre le finnois, ce groupe comprend l’estonien, le carélien, l’ingrien, le lude, le vepse, le live et le vote. Hormis le finnois et l’estonien, les autres langues fenniques n'ont pas de statut officiel (voir le Document 1 · Carte simplifiée des langues fenniques).

1.5. Caractérisation typologique

La typologie permet de classer les langues du monde selon leurs propriétés structurales sans tenir compte des relations de parenté.

Bien qu’il n’y ait aucune relation de parenté entre le finnois, le turc et le japonais, ces trois langues partagent un certain nombre de propriétés. Toutes les trois sont des langues synthétiques et agglutinantes avec postpositions.

Les 9 propriétés suivantes caractérisent le finnois :

  1. langue vocalique

  2. langue à harmonie vocalique

  3. langue synthétique

  4. langue agglutinante

  5. langue à cas morphologiques

  6. langue nominative

  7. langue SVO

  8. langue à postpositions

  9. langue avec subordination parataxique

1.5.1. Langue vocalique

Une langue est vocalique lorsque la fréquence des voyelles est égale ou supérieure à celle des consonnes. Il ne faut pas confondre la fréquence des voyelles avec le nombre des voyelles dans le système phonologique de la langue. Comme dans la plupart des autres langues, les voyelles du finnois sont moins nombreuses que les consonnes, mais leur présence dans l’usage dépasse celle des consonnes. Les études statistiques ont montré que le finnois était aussi – voire même plus – vocalique que l’italien. Dans ces deux langues, on trouve 96 consonnes pour 100 voyelles. Ce qui en fait les langues les plus vocaliques d’Europe. Le français présente 141 consonnes pour 100 voyelles, l’espagnol 122, l’allemand 177, et le tchèque 188.

1.5.2. Langue à harmonie vocalique

Cette propriété est développée en 3.1. L’harmonie vocalique. Pour l’essentiel, l’harmonie vocalique a pour effet d’aligner les voyelles suffixales sur une propriété vocalique du radical.

1.5.3. Langue synthétique

Une langue synthétique est une langue dans laquelle les mots contiennent plusieurs informations. On trouve notamment des informations grammaticales qui dans d’autres langues sont prises en compte par des mots indépendants ou par l'ordre des constituants. Les langues synthétiques s’opposent aux langues analytiques dans lesquelles chaque mot n’apporte qu’une seule information. Ce point est illustré par la comparaison suivante entre le finnois et l’anglais :

finnois (langue synthétique) :

autossani = auto+ssa+ni = voiture+inessif+1SG

dans ma voiture

anglais (langue analytique) :

in my car

dans ma voiture

Pour exprimer le même contenu, la même quantité d’information (voiture + possesseur de première personne + localisation interne = dans) l’énoncé anglais présente trois mots. En finnois, le même contenu est réalisé sous la forme d’un seul mot qui s’analyse en trois morphèmes. La préposition de l’anglais renvoie à un suffixe casuel en finnois et le déterminant possessif renvoie à une désinence de personne. Le français est plutôt analytique. On trouve cependant beaucoup d’exemples de formes synthétiques, et parfois les deux sont en concurrence. Exemple, l’expression du futur : il/elle viendra (viendra : forme synthétique) ; il/elle va venir (va venir : forme analytique). Autre exemple : doctoresse (forme synthétique), femme médecin (forme analytique).

1.5.4. Langue agglutinante

Le finnois étant une langue synthétique, les mots se présentent donc sous une forme complexe avec un contenu multiple. Dans les langues agglutinantes, un mot se présente comme une suite de morphèmes. Ce point est illustré par les deux exemples suivants :

taskuissani = tasku+i+ssa+ni = poche+PL+INE+1SG

dans mes poches

Ce mot complexe est le produit de l’agglutination de 4 morphèmes : sur le radical vient se greffer 3 suffixes :

  • le nombre (pluriel)

  • la localisation spatiale (= dans)

  • la personne du possesseur (première personne du singulier)

Pudottauduin = pudo+tta+udu+i+n = tomber+FACT+REFL+PRET+1SG

je me suis laissé tomber

Cette forme verbale complexe est le produit de l’agglutination de 5 morphèmes; sur le radical verbal du verbe tomber vient se greffer 4 suffixes :

  • le factitif (= laisser/faire)

  • le réfléchi

  • le temps (prétérit)

  • la personne (première personne du singulier)

On appréciera ici le degré de synthèse du mot finnois: 1 mot en finnois, 5 en français.

L’agglutination des morphèmes du finnois se fait par suffixation ; les morphèmes sont placés derrière le radical.

On oppose l’agglutination à la fusion. Une forme synthétique peut être obtenu par ajout de morphème (agglutination) ou par substitution de mot (fusion). À nouveau, comparons le finnois et l’anglais (l’anglais présentant ici un cas de synthèse entre le verbe et le temps) :

finnois (agglutination) :

meni = men+i = aller+PRET

est allé

anglais (fusion) :

went = go+PRET

est allé

Les deux mots contiennent la même information (verbe+temps) exprimée de manière synthétique dans les deux langues (deux informations en un seul mot). Les deux informations du finnois sont réalisées sous la forme de deux morphèmes (le mot finnois se découpe en deux parties) alors que dans la forme verbale anglaise le verbe et le temps sont indissociables. L’expression du prétérit se fait dans ce cas par le choix d’une seconde forme verbale distincte de la forme au présent (go et went). Pour les verbes réguliers de l’anglais, les formes verbales synthétiques s’analysent bien en deux morphèmes : opened = open+ed.

1.5.5. Langue à cas morphologiques

Les cas morphologiques sont des morphèmes ajoutés aux noms et aux adjectifs pour signaler leur fonction dans la phrase (objet direct, objet indirect, complément de nom...) ou pour introduire un contenu comparable à celui des prépositions. Le finnois a 14 cas. Deux exemples suffiront à illustrer cette propriété typologique: en (a), le complément d’objet direct est signalé dans la phrase par le suffixe -n (suffixe d’accusatif), en (b), l’équivalent de la préposition dans est le suffixe d’inessif :

  1. Pekka näki filmin eilen (filmin = filmi+n)

    Pekka voir+PRET film+=ACC hier

    Pekka a vu le film hier

  2. autossa (=auto+ssa)

    voiture+INE

    dans la voiture

1.5.6. Langue nominatives

Les langues nominatives s’opposent aux langues ergatives. Dans les langues nominatives l’objet d’une phrase transitive est signalé par un marquage morphologique. de l'objet (accusatif). Le sujet reste quant à lui non marqué, sans suffixe (nominatif). Dans les langues ergatives, comme le basque ou le géorgien, c’est l’inverse ; l’objet est non marqué (on parle alors de cas absolu) et le sujet de la phrase est marqué par un suffixe de cas (ergatif). L'exemple (a) ci-dessus illustre une structure nominative, sujet non marqué (nominatif) et objet marqué (accusatif).

1.5.7. Langue SVO

Les langues sont classées selon l’ordre des constituants majeurs de la phrase: sujet – verbe – objet. Le finnois et le français sont des langues S(ujet) V(erbe) O(bjet) (voir l'exemple finnois (a) ci-dessus). Mais contrairement au français, l’ordre des constituants peut varier en finnois. Le sujet étant distingué de l’objet par le marquage casuel, la réorganisation de la phrase à partir du schéma SVO permet selon le cas de mettre en valeur tel ou tel constituant. De fait de la variation de l’ordre des constituants à partir du schéma SVO (OVS, SOV, OSV...), l’ordre SVO du finnois est considéré comme un agencement neutre ou basique. Dans certains cas, il est le seul possible.

1.5.8. Langue à postpositions

Les langues se répartissent en deux types selon la position relative de l'adposition et de son complément. On parle de prépositions (pré+position) lorsque les adpositions sont devant leur complément, et de postpositions lorsqu’elles sont derrière. La très grande majorité des adpositions du finnois sont des postpositions. Deux exemples pour illustrer ce point (le complément de la postposition est au génitif) :

auton edessä = auto+n edessä = voiture+GEN devant

devant la voiture

Pekan luona = Pekka+n luona = Pekka+GEN chez

chez Pekka

La modification de la forme du nom Pekka au génitif (Pekan) est traitée en 3.2. L’alternance consonantique.

1.5.9. Langue à subordination parataxique

Ce dernier point relevant de la caractérisation typologique concerne la subordination. Considérons tout d’abord le cas du français : dans cette langue, comme dans toutes les langues indo-européennes, la subordination se fait par enchâssement d’une phrase simple dans une autre phrase. Soit la phrase simple Marie est venue hier. Cette phrase indépendante peut être incluse dans une autre moyennant la présence d’une conjonction de subordination (souligné dans l’exemple qui suit) : Pierre dit que Marie est venue hier. Ce type de subordination présente deux propriétés importantes : 1) la phrase subordonnée a exactement la même structure que la phrase indépendante correspondante, 2) la phrase subordonnée est reliée au reste de la phrase complexe par un mot approprié (conjonction de subordination). Cette stratégie (hypotaxe) est disponible également en finnois mais on peut faire autrement. Ce second mode de formation, commun dans langues finno-ougriennes, repose sur les formes nominales et participiales du verbe. Les deux phrases suivantes sont sémantiquement équivalentes mais diffèrent par le mode de subordination:

Pekka sanoo että Maria tuli eilen

Pekka dit que Marie+NOM venir+PRE+3SG hier

Pekka dit que Marie est venue hier

Pekka sanoo Marian tulleen eilen

Pekka dit Marie+GEN venir+P/PAS hier

Pekka dit que Marie est venue hier

La construction participiale se caractérisent par les propriétés suivantes : 1) la proposition subordonnée (Marian tulleen eilen) n’est pas une phrase, 2) il n’y a pas de conjonction de subordination, 3) le sujet de la proposition enchâssée est au génitif, 4) le verbe de la proposition enchâssée est une forme participiale.

2. Phonétique

2.1. Les sons du finnois

2.1.1. Les voyelles

Le finnois compte 8 voyelles, chacune d'elles peut être brève ou longue.

ANTÉRIEURES POSTÉRIEURES
FERMÉES [i] [y] [u] ARRONDIES
MI-FERMÉES [e] [ø] [o]
OUVERTES [æ] [ɑ] ÉTIRÉES

Le tableau suivant donne la correspondance entre les symboles phonétiques et les graphèmes. Le symbole phonétique [:] s’applique aux voyelles longues, notées dans la langue écrite par une voyelle double :

voyelles brèves voyelles longues
[i] = i [i:] = ii
[y] = y [y:] = yy
[u] = u [u:] = uu
[ø] = ö [ø:] = öö
[e] = e [e:] = ee
[o] = o [o:] = oo
[æ] = ä [æ:] = ää
[ɑ] = a [ɑ:] = aa

Exemples contenant des voyelles brèves ou longues :

Voyelle Phonétique Finnois Français
[i] [hissi] hissi ascenceur
[tilli] tilli aneth
[ti:li] tiili brique
[rivi] rivi rang
[e] [vene] vene barque
[perhe:ttæ] perhettä famille
[me] me nous
[peŋŋer] penger lisière
[æ] [pæ:] pää tête
[tæssæ] tässä ici
[sæ:stæ:] säästää économiser
[jæ:] jää glace
[y] [sy:] syy raison
[syvy:s] syvyys profondeur
[kylpy] kylpy bain
[kysymys] kysymys question
[ø] [pøllø] pöllö hibou
[insinø:ri] insinööri ingénieur
[jørø] jörö grognon
[pøperø] pöperö bouillie
[u] [pu:] puu arbre
[su:] suu bouche
[su:ru:s] suuruus grandeur
[ku:] kuu lune
[o] [koko] koko tout, entier
[otto] otto prise
[lonto:] Lontoo Londres
[jo] jo déjà
[ɑ] [ɑjɑjɑ] ajaja conducteur
[rɑhɑ] raha argent, monnaie
[jɑ] ja et
[pɑ:htɑ:] paahtaa braiser

Le rapprochement des voyelles du finnois avec celles du français permet de poser les équivalences suivantes :

[i] comme dans riz

[e] comme dans été

[y] comme dans nu

[ø] comme dans peu

[u] comme dans nous

[o] comme dans peau

[ɑ] comme dans tâche

La voyelle [æ] n'a pas d'équivalent français. Sa prononciation se situe entre le [E] (comme dans sel) et le [ɑ] (comme dans rat). On la trouve en anglais dans le mot [kæt], cat (chat).

La voyelle [ɑ] est une voyelle postérieure. Elle ne doit donc pas être confondue avec le [ɑ] du français standard qui est une voyelle antérieure. La voyelle [ɑ] correspond en fait à la seconde voyelle ouverte du système vocalique français, maintenue dans certains dialectes. En français standard, Il s'agit de la voyelle susceptible d'apparaître dans le second mot des oppositions suivantes : tache [tɑʃ], tâche [tɑʃ] ; patte [pɑt], pâte [pɑt] ; mal [mɑl], mâle [mɑl]).

Les diphtongues

Exemples de mots comportant une diphtongue :

Diphtongue Graphie Phonétique Finnois Français
[ɑi] ai [ɑikɑ] aika temps
[kɑikki] kaikki tout
[ei] ei [leipæ] leipä pain
[seitsemæn] seitsemän sept
[oi] oi [poikɑ] poika garçon
[hoitɑ:] hoitaa soigner
[ui] ui [uidɑ] uida nager
[kuivu:s] kuivuus sécheresse
[æi] äi [æiti] äiti mère
[pæivæ] päivä jour
[øi] öi [søin] söin j’ai mangé
[tøihin] töihin au travail
[yi] yi [lyijy] lyijy plomb
[ryijy] ryijy tapis
[ɑu] au [vɑunu] vaunu voiture
[tɑuti] tauti maladie
[ou] ou [koulu] koulu école
[soutɑ:] soutaa ramer
[eu] eu [seutu] seutu région
[leukɑ] leuka menton
[iu] iu [viulu] viulu violon
[tiukɑsti] tiukasti solidement
[æy] äy [næyte] näyte preuve
[kæydæ] käydä aller
[øy] öy [køyhæ] köyhä pauvre
[løyly] löyly vapeur
[ey] ey [terveys] terveys santé
[peseytyæ] peseytyä se laver
[iy] iy [hæiriytyæ] häiriytyä être dérangé
[ti:viys] tiiviys étanchéité
[ie] ie [tiede] tiede science
[kieli] kieli langue
[uo] uo [kuolemɑ] kuolema mort
[tuoli] tuoli chaise
[yø] [yø] nuit
[ryøværi] ryöväri brigand

2.1.2. Les consonnes

Le finnois standard compte 14 consonnes simples : {p, t, d, k,m, n, [ŋ], s, [ç], h, l, r, v, j}.

Les équivalences avec le français sont les suivantes :

[p] comme dans peau

[t] comme dans été

[d] comme dans dent

[k] comme dans cou

[m] comme dans moi

[n] comme dans nous

[s] comme dans sol

[l] comme dans loup

[v] comme dans lave

[j] comme dans loyer

Quatre consonnes n'ont aucun équivalent direct en français standard : [ŋ], [r], [ç], et [h].

La consonne [ŋ] ne présente aucune difficulté pour les francophones dans la mesure où elle correspond à la consonne finale de très nombreux mots d’emprunt à l’anglais (camping, standing, parking, bowling...).

La consonne [r] est une vibrante roulée avec la pointe de la langue. Cette consonne ne se rencontre en français que dans des formes dialectales (québécois, bourguignon, gascon...). Elle est par ailleurs très répandue dans d’autres langues d’Europe (italien, espagnol, russe, turc...). La consonne apicale du finnois ne doit pas être assimilée à la vibrante uvulaire [{] que l’on entend parfois dans la chanson française.

Les consonnes [ç] et [h] sont toutes les deux notées “h” dans la langue écrite. La fricative laryngale [h] est commune en anglais [ˡhɑus] house (maison), behind (derrière) [biˡhɑind]. Exemples finnois : [ʋæhæn] vähän peu, [pihvi] pihvi bifteck). La consonne fricative palatale sourde [ç] se rencontre en allemand (=“ch”) : [iç] ich (je). En finnois, cette consonne est toujours suivie d’une consonne sourde : [vy:çti] vyyhti écheveau [ʋiçtɑ] vihtɑ faisceau de jeunes feuilles de bouleau.

Les consonnes géminées

9 consonnes peuvent être géminées : {pp, tt, kk, mm, nn, ŋŋ, ss, rr, ll}. Contrairement aux voyelles longues, les consonnes géminées comptent pour deux consonnes et sont dissociables ; les deux consonnes appartiennent à deux syllabes distinctes : kettu ket-tu renard, talossa ta-los-sa dans la maison :

Diphtongue Phonétique Finnois Syllabes Français
[pp] [pɑppi] pappi pap-pi prêtre
[lippu] lippu lip-pu ticket
[tt] [ettæ] että et-tä que
[ottɑ:] ottaa ot-taa prendre
[kk] [hiekkɑ] hiekka hiek-ka sable
[ikkunɑ] ikkuna ik-ku-na fenêtre
[mm] [hɑmmɑs] hammas ham-mas dent
[sɑmmɑkko] sammakko sam-mak-ko grenouille
[nn] [li:kenne] liikenne lii-ken-ne communications
[mennæ] mennä men-nä aller
[ŋŋ] [keŋŋkæ] kengät ken-gät chaussures
[sɑŋŋen] sangen san-gen très
[ss] [hissi] hissi his-si ascenseur
[hissi] kissa kis-sa chat
[ll] [kɑllis] kallis kal-lis cher
[hullu] hullu hul-lu fou
[rr] [kerros] kerros ker-ros étage
[purrɑ] purra pur-ra mordre

2.2. La syllabe

Une syllabe peut être ouverte ou fermée. Une syllabe ouverte se termine par une voyelle, tandis qu'une syllabe fermée se termine par une consonne ou par une semi-consonne. Le mot matala bas contient trois syllabes ouvertes (ma-ta-la), tandis que le mot kompastus faux pas contient trois syllabes fermées (kom-pas-tus). La distinction entre syllabe ouverte et syllabe fermée est très importante en finnois car le passage d’une syllabe ouverte à une syllabe fermée, lors de la suffixation, entraîne une modification de la consonne en début de syllabe (voir les règles de l’alternance consonantique, chapitre 3.2).

3. Phonologie

3.1. L’harmonie vocalique

Les mots finnois sont soumis à un processus d’harmonie vocalique, qui a pour effet d'aligner les voyelles harmonisantes des suffixes sur les voyelles du radical. Les voyelles harmonisantes {y, ö, ä, u, o, a} se répartissent en deux groupes : les voyelles d'avant {y, ö, ä} et les voyelles d'arrière {u, o, a}. Si un suffixe contient une voyelle harmonisante, celle-ci doit être du même groupe que les voyelles harmonisantes du radical. Les voyelles restantes {i, e} sont compatibles avec toutes les voyelles harmonisantes (voyelles neutres); elles sont donc insensibles et transparentes au processus d'harmonisation.

Mots avec voyelles d'arrière : aalto vague, auto voiture, kertoma récit, kohota monter, luonto nature, matala bas, nukkua dormir, savu fumée, taipumus tendance, ulos dehors

Mots avec voyelles d'avant : höyry vapeur, kylä village, kysymys question, mänty pin, päivä jour, pöllö hibou, nuit, äänestää voter, öljy huile

Les radicaux sont harmonieux ; si un radical contient des voyelles harmonisantes, ces dernières ne peuvent être que du même groupe. Par contre, les radicaux peuvent contenir à la fois des voyelles neutres et des voyelles harmonisantes.

Étant donné qu'un suffixe quelconque peut contenir aussi bien des voyelles harmonisantes que des voyelles neutres et que les radicaux sont harmonieux, le vocalisme des mots (radicaux+suffixe(s)) est identique à celui des radicaux : un mot ne peut contenir que des voyelles harmonisantes du même groupe et ces dernières se combinent librement avec les voyelles neutres.

Si l’on se réfère aux traits distinctifs des voyelles, le groupe des voyelles neutres se caractérise au moyen de la conjonction des traits [–BAS] et [–ROND] ([–BAS] ∩ [–ROND]) :

–ARRIÈRE +ARRIÈRE
–ROND +ROND –ROND +ROND
–BAS +HAUT i y u
–HAUT e ö o
+BAS ä a

Les voyelles harmonisantes se caractérisent par la réunion de deux traits [+BAS] ou [+ROND] ([+BAS] ∪ [+ROND]) :

–ARRIÈRE +ARRIÈRE
–ROND +ROND –ROND +ROND
–BAS +HAUT i y u
–HAUT e ö o
+BAS ä a

Les suffixes qui contiennent une voyelle harmonisante ont deux réalisations possibles selon les voyelles du radical : une forme avec voyelle d’avant et une forme avec voyelle d’arrière. Pour tenir compte de l'indétermination de la forme du suffixe en dehors de son attachement à un radical, on représente habituellement la voyelle du suffixe par une majuscule. Exemples de suffixes ayant une voyelle harmonisante :

suffixe d’inessif (= dans) : -ssA ➙ -ssa talossa dans la maison
➙ -ssä kylässä dans le village
suffixe privatif (= sans) : -tOn ➙ -ton rahaton sans argent
➙ -tön ttön sans travail
suffixe de participe passé actif : -nUt ➙ -nut juonut bu(e)
➙ -nyt snyt mangé(e)

La voyelle harmonisante du suffixe d'inessif -ssA a pour traits distinctifs : [+BAS, –ROND, ±ARRIÈRE]. La valeur du trait d'harmonie [±ARRIÈRE] est fixé par la règle d'harmonie vocalique. Le même processus s'applique à la voyelle harmonisante [–BAS, –HAUT, +ROND, ±ARRIÈRE] du suffixe privatif -tOn et à la voyelle harmonisante [+HAUT, +ROND, ±ARRIÈRE] du suffixe de participe passé actif -nUt.

Lorsqu’un suffixe contient une voyelle harmonisante, celle-ci s’aligne sur les voyelles harmonisantes du radical. Si le mot contient des voyelles harmonisantes d’arrière, le suffixe prend la voyelle d’arrière :

talo+ssA = talossa dans la maison

raha+tOn = rahaton sans argent

juo+nUt = juonut bu(e)

Si le mot contient des voyelles harmonisantes d’avant, le suffixe harmonisant prend la voyelle d’avant :

kylä+ssA = kylässä dans le village

t+tOn = ttön sans travail

s+nUt = snyt mangé(e)

Lorsqu’un suffixe avec voyelle harmonisante est ajouté à un mot qui ne contient que des voyelles neutres, le suffixe prend la forme avec voyelle d’avant, car les voyelles neutres sont des voyelles d’avant :

kirjee+ssA = kirjeessä dans la lettre

nime+tOn = nimetön sans nom

itke+nUt = itkenyt pleuré(e)

Lorsqu’un suffixe avec voyelle harmonisante est ajouté à un mot qui contient à la fois des voyelles harmonisantes et des voyelles neutres, la forme du suffixe s'aligne sur les voyelles harmonisantes du radical.

Exemples avec voyelles neutres et voyelles d’avant :

kysee+ssA = kyseessä en question

ääri+tOn = ääretön illimité

pristy+nUt = pristynyt arrondi(e)

Exemples avec voyelles neutres et voyelles d’arrière :

kirja+ssA = kirjassa dans le livre

koti+tOn = koditon sans logis

luke+nUt = lukenut lu(e)

La règle d'harmonie vocalique s'avère simple à mettre en œuvre : il suffit qu’un mot contienne une voyelle d’arrière (u, o, a) pour que le suffixe harmonisant soit une voyelle d’arrière. Dans tous les autres cas, la voyelle suffixale est une voyelle d’avant.

L’harmonie vocalique est un processus récursif ; les mots finnois pouvant avoir plusieurs suffixes, chaque suffixe avec voyelle harmonisante, est contraint par le vocalisme du radical :

talo+ssA+nsA= talossansa dans sa maison

maison+INES+3

nsA = troisième personne du singulier ou du pluriel (possesseur)

vapa+UtU+vAt = vapautuvat Ils/elles se libèrent

libérer+REFL+3PL

3PL = troisième personne du pluriel

kylä+ssA+nsA = kylässänsä dans son village

village+INES+3

nsA = troisième personne du singulier ou du pluriel (possesseur)

näyttä+UtU+vAt = näyttäytyvät ils/elles se montrent

montrer+REFL+3PL

3PL = troisième personne du pluriel

L’harmonie vocalique remplit la même fonction dans la langue que le genre grammatical du français. En rendant solidaire la forme des suffixes du reste du mot, l’harmonie vocalique assure la cohésion interne du mot (unité linguistique formée d’un radical et suivi d'un ou plusieurs suffixes). Le genre grammatical du français assure la même fonction, mais au niveau du syntagme. Dans le syntagme une petite maison, le genre féminin du nom entraîne la forme féminine de l’adjectif et de l’article. Ces deux mots rendus solidaires du nom par l’accord en genre (et en nombre), participent ainsi à la cohésion du syntagme.

Faire les exercices 1, 2, 3 et 4

3.2. L’alternance consonantique

La cohésion du mot finnois est également assurée par l’alternance consonantique, qui a pour effet de modifier la consonne initiale de la dernière syllabe du mot lorsque cette dernière est fermée par l'adjonction d'un suffixe. Une syllabe est ouverte lorsqu’elle se termine par une voyelle, et fermée lorsqu’elle se termine par une consonne. Premiers exemples :

katu rue, kadulla dans la rue

katto toit, katon toit (génitif)

ranta bord, rannalla au bord

kulkea marcher kuljen jemarche

La syllabe ouverte de fin de mot du premier exemple katu (ka-tu) devient fermée lorsqu’on ajoute le suffixe d’adessif (ka-dul-la), ce qui entraîne le changement de "t" en "d". L'alternance consonantique est soumise à trois conditions : 1) la nature de la syllabe (ouverte ou fermée), 2) la nature de la consonne initiale (toutes les consonnes ne sont pas concernées par l'alternance), 3) le contenu vocalique de la syllabe (seules les voyelles simples sont compatibles avec l'alternance consonantique).

Une syllabe ouverte de fin de mot devient fermée lorsqu’on ajoute un suffixe formé d’une seule consonne (/C) ou commençant par deux consonnes (-CC...). Lorsque le suffixe commence par une voyelle ou une consonne simple (-V... ou -C...), la syllabe précédente reste ouverte. Les différents cas de figure sont illustrés dans le tableau suivant :

La syllabe ouverte de fin de mot devient fermée après l’adjonction d’un suffixe.
Le suffixe est formé d’une consonne simple ou commence par deux consonnes.
talo
ta-lo
maison
talon
ta-lon
de la maison
-n
(suffixe de génitif)
kylä
ky-
village
kylässä
ky-läs-sä
dans le village
-ssA
(suffixe d’inessif)
kirja
kir-ja
livre
kirjasto
kir-jas-to
bibliothèque
-stO
(suffixe de collectif)
sano
sa-no
dire
sanomme
sa-nom-me
nous disons
-mme
(1ère personne du pluriel)
La syllabe ouverte de fin de mot reste ouverte malgré la présence d’un suffixe.
Le suffixe a une structure syllabique et commence par une consonne ou voyelle simple.
talo
ta-lo
maison
taloa
ta-lo-a
maison
-a
(partitif)
talo
ta-lo
maison
taloon
ta-lo-on
dans la maison
-Vn
(suffixe d’illatif)
Suoma
Suo-ma
Finlande
suomalainen
suo-ma-lai-nen
finlandais(e)
-lainen
(suffixe adjectival)
sano
sa-no
dire
sanovat
sa-no-vat
ils/elles disent
-vAt
(3ème personne du pluriel)

L’alternance consonantique ne concerne que les occlusives {p, t, k}, et seulement si ces consonnes se présentent comme: 1) consonnes simples entre deux voyelles, 2) consonnes géminées, 3) consonnes précédées d’une consonne sonante (m, n, r, l). Les tableaux suivants donnent la liste des formes alternantes correspondant aux quatre ensembles précédents : On parle du degré fort de la consonne en syllabe ouverte, et du degré faible en syllabe fermée :

Occlusives simples
DEGRÉ FORT DEGRÉ FAIBLE exemples avec le suffixe génitif (-n)
p v tapa / tavan manière
t d katu / kadun rue
k ø leuka / leuan
aika / ajan[1]
menton
temps
v puku / puvun[2] vêtement
Occlusives géminées
DEGRÉ FORT DEGRÉ FAIBLE exemples avec le suffixe génitif (-n)
pp p pappi / papin prêtre
tt t hattu / hatun chapeau
kk k paikka / paikan place
Occlusives simples
DEGRÉ FORT DEGRÉ FAIBLE exemples avec le suffixe génitif (-n)
mp mm kampa / kamman peigne
nt nn ranta / rannan rive
nk [ŋk] ng[3] lanka / langan fil
rt rr virta / virr>an courant
lt ll silta / sillan pont

La présence d'une voyelle longue ou d'une diphtongue bloque l'alternance consonantique :

hakkuu coupe / hakkuun

pilttuu stalle / pilttuun

trikoo tricot / trikoon

Lontoo Londres / Lontoon

vapaa libre - vapaan

Cette restriction ne concerne pas les diphtongues formées par suffixation du pluriel (noms) et du prétérit (verbes) :

lepo repos / levoissa durant les repos

ruutu carreau / ruuduilla sur les carreaux

aika temps / ajoissa à temps

kauppa commerce / kaupoissa dans les commerces

aitta remise / aitoissa dans les remises

lankku planche / lankuilla sur les planches

aalto onde / aalloilla sur les ondes

suunta direction / suunnoissa dans les directions

juopua s'enivrer / juovuin je me suis enivré

kutoa tisser / kudoit tu as tissé

oikoa redresser / oioimme nous avons redressé

tappaa tuer / tapoitte vous avez tué

erottua se séparer / erotuimme nous nous sommes séparé(e)s

liikkua bouger / liikuit tu as bougé

kertoa raconter / kerroitte vous avez raconté

antaa donner / annoin j'ai donné

Tout comme l’harmonie vocalique, l’alternance consonantique est un processus récursif. Chaque suffixe ajouté est susceptible de modifier la structure de la syllabe qui précède. Deux exemples :

ky+ttA+nnäytän je montre

être visible+FACT+1SG

nty+(i)kkOssAnnikössä dans la pinède

pin+COLL+INES

  1. La suffixation du morphème factitif (-ttA) au radical verbal näky-, entraîne le degré faible de la consonne "k"(=Ø), puis la suffixation du morphème de personne (-n) entraîne le degré faible de la consonne géminée du morphème factitif ("tt" ➙ "t").
  2. La suffixation du morphème dérivationnel collectif (-(i)kkO) au radical nominal mänty, entraîne le degré faible de la consonne "t" devant "n" (="nn"), puis la suffixation du morphème d'inessif (-ssA) entraîne le degré faible de la consonne géminée du morphème collectif ("kk" ➙ "k").

Faire les exercices 5, 6, 7 et 8

1. La chute de la consonne "k" entraîne le passage de la voyelle "i" à la semi-consonne "j" en contexte intervocalique (autres exemples : poika garçon / pojan, ikä âge / iän)

2. Le degré faible de "k" est "v" entre les voyelles "u" et "y" (autres exemples : kyky aptitude / kyvyn, luku nombre / luvun)

3. L'assimilation de la consonne nasale n'est pas explicite dans la langue écrite.