Seconde partie du cours

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Cours: Finnois
Livre: Seconde partie du cours
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Date: vendredi 18 octobre 2024, 14:32

1. Morphologie

La morphologie des mots finnois se répartit en deux domaines : la morphologie des noms et la morphologie des verbes. Les adjectifs se comportent comme les noms, les postpositions ont un comportement morphologique en partie nominale, et les participes et les infinitifs du verbes se rangent également du côté des noms.

Le finnois étant une langue agglutinante, la mise en forme des mots opère à partir de la suffixation de morphèmes dérivationnels ou flexionnels. Les morphèmes dérivationnels permettent de former un mot à partir d’un autre mot (la morphologie dérivationnelle est traditionnellement traitée dans le cadre du lexique).

Les morphèmes flexionnels sont de deux types : 1) les morphèmes qui expriment des variables obligatoires dans le cadre de la bonne formation des unités syntaxiques (nombre, cas grammatical, temps, personne...), 2) les morphèmes qui supportent des relations syntaxiques et sémantiques facultatives.

1.1. Morphologie du nom

La structure des noms est la suivante (les éléments entre parenthèses représentent des classes de morphèmes facultatives) :

N°+(DER)+NBR+CAS+(PER)+(PTC)

Exemples à partir de kirja livre :

kirjasto = kirja+sto (N°+DER)

bibliothèque

kirjastot = kirja+sto (N°+DER+PL)

bibliothèques

kirjastoissa = kirja+sto+i+ssA (N°+DER+PL+INE)

dans les bibliothèques

kirjastoissansa=kirja+sto+i+ssA+nsA (N°+DER+PL+INE+POSS)

dans ses bibliothèques

kirjastoissansakin = kirja+sto+i+ssA+nsA+kin (N°+DER+PL+INE+POSS+PTC)

dans ses bibliothèques également

Tout nom ou adjectif en situation d’emploi dans la langue est obligatoirement spécifié pour le nombre et le cas. Un nom ou un adjectif sans suffixes s’interprète comme un nom ou un adjectif au nominatif singulier et peut se représenter sous une forme conforme au schéma précédent en faisant appel au morphème zéro dans chacune des classes obligatoires :

kirja = kirja+Ø+Ø (N°+SG+NOM)

livre

kirjat = kirja+t+Ø (N°+PL+NOM)

livres

kirjassa = kirja+Ø+ssA (N°+SG+INE)

dans le livre

Pour ne pas alourdir la description morphologique, on ne mentionnera pas systématiquement l’occurrence des morphèmes zéro. On écrira plus volontiers talossa = talo+ssA = talo+INE que talossa = talo+Ø+ssA = talo+SG+INE.

Par ailleurs, lorsque cela s’avérera nécessaire, le suffixe casuel sera mis en gras et le morphème de pluriel souligné. Ex : taloissa = talo+i+ssA = dans les maisons

1.1.1. Forme des radicaux

Tous les mots ne se comportent pas de la même façon vis à vis de la suffixation. Le radical du mot - ce qui reste lorsqu’on retire les suffixes - ne se présente pas nécessairement sous la forme du nominatif (forme du mot sans suffixes). Dans le mot talossa dans la maison, le radical talo- (talo+ssA = maison+INE) est identique au nom seul (nominatif singulier) talo. Dans le mot vedessä dans l’eau, le radical vede- est différent du mot employé seul vesi eau.

La variation entre la forme des radicaux et la forme des mots au nominatif singulier (forme de référence) est importante ; le tableau suivant récapitule tous les types de radicaux. Dans ce cours, nous laisserons de côté tout ce qui est grisé.

Mots se terminant en : N°+SG+INESSIF N°+PL+INESSIF
u, o, a
y, ö, ä
talo
puku
sauna
hylly
pöllö
kylä
maison
vêtement
sauna
étagère
hibou
village
talossa
puvussa
saunassa
hyllyssä
pöllössä
kylässä
taloissa
puvuissa
saunoissa
hyllyissä
pöllöissä
kylissä
aa, uu
(voyelle longue)
maa
puu
pays
arbre
maassa
puussa
maissa
puissa
yö, uo, ie
(diphtongue)
työ
tie
travail
chemin
työssä
tiessä
issä
teissä
e huone pièce huoneessa huoneissa
i type rooli rôle roolissa rooleissa
type
kieli langue kielessä kielissä
type vesi eau vedessä vesissä
nen nainen femme naisessa naisissa
s taivas
rakennus
kysymys
ciel
bâtiment
question
taivaassa
rakennuksessa
kysymyksessä
taivaissa
rakennuksissa
kysymyksissä
in avain
puhelin
clé
téléphone
avaimessa
puhelimessa
avaimissa
puhelimissa
en joutsen cygne joutsenessa joutsenissa
el sävel mélodie sävelessä sävelissä
t olut
kevät
bière
printemps
oluessa
keväässä
oluissa
keväissä
r sisar sœur sisaressa sisarissa

1.1.1.1. Radicaux des mots se terminant par une voyelle harmonisante

Dans ce qui suit, nous nous intéresserons uniquement au comportement des mots qui se terminent par une voyelle harmonisante simple et aux mots qui se terminent par la voyelle i.

1.1.1.1.1. Mots se terminant par une voyelle harmonisante {y, ö, u, o}

Les mots qui ont une voyelle finale harmonisante {y, ö, ä o, u, a} se répartissent en deux groupes en fonction du sort fait à la voyelle finale devant le i du pluriel.

Les noms qui se terminent par une voyelle harmonisante {y, ö, u, o} ont une fin de mot inchangée au singulier comme du pluriel. Seule l’alternance consonantique est susceptible de modifier la forme du radical :

talo maison : talo-

talot les maisons

talossa dans la maison

aloissa dans les maisons

koivu bouleau : koivu-

koivut les bouleaux

koivussa dans le bouleau

koivuissa dans les bouleaux

hylly étagère : hylly-

hyllyt les étagères

hyllyllä sur l’étagère

hyllyillä sur les étagères

sääntö règle : sääntö-

säännöt les règles

säännössä dans la règle

säännöissä dans les règles

1.1.1.1.2. Mots se terminant par une voyelle harmonisante {ä, a}

La voyelle finale a devient o devant le i du pluriel, dans les mots dissyllabiques pour peu que la première syllabe ne contienne pas la voyelle o ou u :

sana mot : sana-

sanat les mots

sanassa dans le mot

sanoissa dans les mots

lista liste : lista-

listat les listes

listassa dans la liste

listoissa dans les listes

La voyelle finale a tombe devant le i du pluriel si la première syllabe contient une voyelle o ou u :

sota guerre : sota-

sodat les guerres

sodassa dans la guerre

sodissa dans les guerres

kuva image : kuva-

kuvat les images

kuvassa dans l’image

kuvissa dans les images

La voyelle finale ä tombe devant le i du pluriel :

kylä village : kylä-

kylät les villages

kylässä dans le village

kylissä dans les villages

seinä mur : seinä-

seinät les murs

seinällä sur le mur

seinillä sur les murs

1.1.1.2. Mots se terminant par par la voyelle "i"

Les mots qui se terminent par la voyelle i sont de trois types : 1) les mots d’emprunts, 2) les mots fenniques, 3) les mots se terminant par si.

Les mots d’emprunt ont un radical régulier en i au singulier. Cette voyelle passe à e devant le i du pluriel :

rooli rôle : rooli-

roolit les rôles

roolissa dans le rôle

rooleissa dans les rôles

taksi taxi : taksi-

taksit les taxis

taksissa dans le taxi

takseissa dans les taxis

Autres mots d’emprunt sur le même modèle : lasi verre, merkki signe, tuoli chaise, paperi papier...

Les mots fenniques se terminant par un i ont un radical en e. Cette voyelle finale tombe devant le i du pluriel :

kieli langue : kiele-

kielet les langues

kielessä dans le langue

kielissä dans les langues

järvi lac : järve-

järvet les lacs

järvessä dans le lac

järvissä dans les lacs

Autres mots sur le même modèle : ovi porte, nimi nom, lehti feuille, talvi hiver....

Les mots qui se terminent par un si ont un radical en de. Devant le i du pluriel la voyelle thématique e tombe comme dans le type précédent et la consonne d passe à s (comme dans la forme du nominatif singulier) :

vesi eau : vede-

vedet les eaux

vedessä dans l’eau

vesissä dans les eaux

käsi main : käde-

kädet les mains

kädessä dans la main

käsissä dans les mains

Autres mots sur le même modèle : viisi cinq, vuosi an, uusi nouveau...

1.1.2. Le morphème de pluriel

Le pluriel des noms et des adjectifs est marqué de manière différente selon le cas morphologique utilisé. Au nominatif, la marque du pluriel est t, i avec tous les autres cas. On ne peut rien ajouter au t du nominatif pluriel, alors que le pluriel en i est toujours suivi d’un suffixe casuel.

sana mot : sanat les mots

sanoissa dans les/des mots

sanoina en tant que mots (essif)

sanoja des mots (partitif)

sanojen des mots (génitif)

Lorsque la voyelle i du pluriel se retrouve entre deux voyelles - comme dans les deux derniers exemples - elle se transforme en une semi-consonne j.

Une autre propriété importante oppose les deux formes du pluriel : le nominatif pluriel implique toujours une interprétation définie alors que la forme en i n’implique pas cette interprétation restrictif. Un nom pluriel à un cas oblique (autre que le nominatif) peut être traduit au moyen d’un article défini ou indéfini. Dans la langue, l’interprétation défini ou indéfini est déterminée par le contexte :

lato grange : ladot les granges ladoissa dans les/des granges
kieli langue : kielet les langues kielissä dans les/des langues
sana mot : sanat les mots sanoissa dans les/des mots
päivä jour : päivät les jours päivissä dans les/des jours

L’interprétation exclusivement défini ne se rencontre qu’avec les noms au nominatif pluriel. Dans tous les autres cas, au singulier comme au pluriel, la traduction des exemples devrait se faire systématiquement au moyen du couple article défini/article indéfini toutes les fois que la langue française impose l’article, afin de montrer le caractère neutre de l’absence de déterminant en finnois.

katu rue : kadut les rues

katu la/une rue

kadulla dans la/une rue

kaduilla dans les/des rues

kadutta sans rue

kaduitta sans rues

Par commodité, on continuera à utiliser le défini pour la traduction des exemples lorsqu’il est nécessaire de mettre un article en français.

1.1.3. Les cas morphologiques

Le finnois compte 14 cas morphologiques {nominatif, génitif, partitif, essif, translatif, inessif, élatif, illatif, adessif, ablatif, ablatif, abessif, instructif, comitatif}. Le tableau suivant donne la liste des suffixes casuels pour le nom talo maison.

Noms, adjectifs et postpositions
Cas Suffixe(s) singulier pluriel
nominatif talo talot
génitif -n talon talojen
partitif -(t)A taloa taloja
essif -nA talona taloina
translatif -ksi taloksi taloiksi
inessif -ssA talossa taloissa
élatif -stA talosta taloista
illatif -Vn/-hin taloon taloihin
adessif -llA talolla taloilla
ablatif -ltA talolta taloilta
allatif -lle talolle taloille
abessif -ttA talotta taloitta
instructif -n taloin
comitatif -ne taloine (+POSS)

Les suffixes d’instructif et de comitatif sont formés au moyen de la marque du pluriel. Il n’y a donc pas de distinction entre singulier et pluriel avec ces deux cas. Le suffixe de comitatif présente la particularité supplémentaire d’être nécessairement suivie d’une désinence possessive lorsque ce suffixe est adjoint à un nom (voir plus loin **).

Les pronoms personnels n’ont pas exactement le même système casuel. Contrairement aux noms, les pronoms personnels (humains) ont un suffixe d’accusatif (cas de l’objet). Les noms n’ont pas de marque spécifique pour le cas accusatif (cas de l’objet) ; les noms objet sont au nominatif ou au génitif (voir plus loin **), tandis que les pronoms personnels ont un suffixe spécifique pour cette fonction grammaticale. Par ailleurs, l’instructif et le comitatif sont inusités avec les pronoms personnels. Le tableau des cas pour le pronom de première personne du singulier (minä) et du pluriel (me) est le suivant :

Pronoms personnels
Cas Suffixe (s) singulier pluriel
nominatif minä me
accusatif -t minut meidät
génitif -n minun meidän
partitif -(t)A minua mei
essif -nA minuna mei
translatif -ksi minuksi meiki
inessif -ssA minussa meissä
élatif -stA minusta meistä
illatif -Vn/-hin minuun meihin
adessif -llA minulla meillä
ablatif -ltA minulta meiltä
allatif -lle minulle meille
abessif -ttA minutta meittä

Les cas morphologiques forment un système qui autorise un regroupement en trois sous-ensembles : 1) les cas grammaticaux, 2) les cas locatifs et 3) les cas adverbiaux.

Les cas grammaticaux {nominatif, accusatif (pour les pronoms uniquement), génitif, partitif, essif, translatif} servent à signaler des fonctions grammaticales telles que sujet, complément, attribut...

Les cas locatifs {inessif, illatif, élatif, adessif, allatif, ablatif} servent à introduire des relations de dépendance syntaxique ou sémantique de nature spatiale ou temporelle. L’essif, le translatif et le partitif peuvent également avoir un emploi locatif dans des constructions figées (ce qui montre au passage que le regroupement des cas peut se faire avec chevauchement). Si la traduction des noms augmentés d’un cas locatif fait appel à une préposition, l’emploi d’une préposition dans une traduction ne permet pas pour autant de saisir systématiquement la signification du suffixe de cas locatif. Les exemples suivants montrent que là où le français utilise une même préposition, on trouve en finnois deux cas locatifs distincts (le détail du système des cas locatifs est présenté en 4.1.3.2) :

Pekka on Suomessa Suomi = Finlande

Pekka est en Finlande

Pekka menee Suomeen

Pekka va en Finlande

Dans le premier exemple, Suomi est à l’inessif (-ssA), tandis qu’il est à illatif (-Vn) dans le second exemple.

Pekka tulee kadulta katu = rue

Pekka vient de la rue

Pekka tulee saunasta sauna = sauna

Pekka vient du sauna

Dans le premier exemple, katu rue est à l’ablatif (-ltA), tandis que talo maison est à l’élatif (-stA) dans le second exemple.

Les cas adverbiaux sont assez rares dans la langue. On leur préfère aujourd’hui les adpositions (prépositions ou postpositions). Les traductions en français se font au moyen de prépositions pour lesquelles la relation avec les suffixes casuels du finnois repose sur une signification stable et concrète. L’abessif, par exemple, exprime uniquement l’absence et la traduction du nom augmenté de l’abessif se fera avec la préposition sans :

Pekka tulee kengittä kenkä = chaussure

Pekka vient sans chaussures

Le tableau suivant propose une mise en forme des trois groupes casuels avec un chevauchement entre les cas locatifs et les cas grammaticaux :

Cas externes Cas internes
Cas locatifs adessif
allatif
ablatif
inessif
illatif
élatif
essif
translatif
partitif
nominatif
Cas adverbiaux abessif
instructif
comitatif
(accusatif)
génitif
Cas grammaticaux

1.1.3.1. Les cas grammaticaux

Les cas grammaticaux servent à marquer morphologiquement les fonctions syntaxiques de sujet, de complément, d'attribut et d'apposition.

Le génitif est le cas du complément de nom dans le syntagme nominal. Le complément de nom au génitif se place devant le nom tête du syntagme nominal :

Pekan talo

la maison de Pekka

Pekka = prénom

talo = maison

Suomen kartta

la carte de la Finlande

Suomi = Finlande

kartta = carte

Opiskelijan veli

Le frère de l’étudiant

opiskelija = étudiant

talon rakentaminen

La construction de la maison

talo= maison

rakentaminen = construction

Le partitif est le cas des noms lorsqu’ils sont employés de façon indéfinie ; pour les noms comptables, le partitif pluriel signifie un certain nombre, tandis que pour les noms non comptables, le partitif singulier signifie une certaine quantité de :

noms comptables :

taloja des maisons, talo = maison

saunoja des saunas, sauna = sauna

omenoita des pommes, omena = pomme

päiviä des jours , päivä = jour

noms non comptables :

vettä de l’eau, vesi = eau

olutta de la bière, olut = bière

voita du beurre, voi = beurre

savua de la fumée, savu = fumée

Un nom précédé d’un quantificateur numéral ou autre est toujours au partitif singulier. Cette singularité s’explique très facilement dès lors qu’on observe que les noms de nombre sont des mots invariables (donc au singulier) et que le complément du numéral s’accorde en nombre avec le numéral. Ce dernier étant un mot au singulier, l’accord implique par conséquent un singulier :

kaksi kirjaa deux livres

kaksi = deux

kirja = livre

viisi opiskelijaa cinq étudiants

viisi = cinq

opiskelija = étudiant(e)

kaksi kirjaa deux livres

kaksi = deux

kirja = livre

lasi viiniä un verre de vin

lasi = verre

viini = vin

Le complément d’objet d’une phrase négatif est toujours au partitif singulier ou pluriel (à comparer avec l’emploi de l’article partitif de en français), même lorsqu’il s’agit d’un pronom personnel :

Pekka ei juo olutta

Pekka ne boit pas de bière

Pekka = prénom

ei = négation

juo = boire

olut = bière

Pekka ei lue sanomalehtiä

Pekka ne lit pas de journaux

Pekka = prénom

ei = négation

lue = lire

sanomalehti = journal

Pekka ei näe minua

Pekka ne me voit pas

Pekka = prénom

ei = négation

näe = voir

mina/minu- = moi

Les pronoms personnels objet sont à l’accusatif (forme spécifique) :

Pekka näkee minut

Pekka me voit

Pekka = prénom

näkee = voir+PRÉSENT

minä/minu- = moi

Pekka tuntee meidät

Pekka nous connaît

Pekka = prénom

untee = connaître+PRÉSENT

me/meidä- = nous

Les trois cas grammaticaux nominatif, génitif et partitif se distribuent sur les deux fonctions syntaxiques sujet et objet. Un sujet peut être au nominatif, au génitif ou au partitif. De même, un objet peut être au nominatif, au génitif ou au partitif.

1.1.3.1.1. Le cas du sujet

Les trois exemples suivants illustrent les trois cas grammaticaux disponibles pour le sujet :

SUJET = Accolade nominatif Opiskelija lukee
L’étudiant(e) lit
génitif Sanon opiskelijan tulleen eilen
Je dis que l’étudiant(e) est venu(e) hier
partitif Opiskelijoita tulee
Des étudiant(e)s viennent

Un sujet est au nominatif dans une phrase simple et indépendante.

Un sujet est au génitif dans une proposition subordonnée participiale. Dans l’exemple précédent le sujet du participe tulleen est venu(e) est au génitif et la construction participiale se caractérise par l’absence de conjonction de subordination.

Un sujet est au partitif dans une phrase existentielle lorsqu’il est indéfini (voir en 5.1.3). Dans une phrase transitive un sujet indéfini au partitif est impossible. L’interprétation indéfini est alors prise en compte par un déterminant indéfini.

1.1.3.1.2. Le cas de l’objet

Les trois exemples suivants illustrent les trois cas grammaticaux disponibles pour l’objet :

OBJET = Accolade nominatif Lue kirja
lis le livre
génitif Opiskelija luki kirjan
L’étudiant(e) a lu le livre
partitif Opiskelija lukee kirjaa
L’étudiant(e) lit le livre

L’objet d’un verbe est au nominatif à l’impératif.

Un objet est au génitif, lorsque l’objet s’interprète comme étant entièrement affecté par le procès décrit par le verbe. Dans l’exemple précédent luki kirjan a lu le livre, l’emploi du temps prétérit en association avec l’objet génitif indique que l’action est terminée et que le livre a été lu dans sa totalité.

Un objet est au partitif lorsqu’il n’est concerné qu’en partie par le procès du verbe. Dans l’exemple précédent, lukee kirjaa lit le livre, le temps présent avec l’objet partitif montre que le procès est en cours de réalisation et que, par conséquent, la lecture du livre n’est pas terminée. Seule une partie du livre s’inscrit dans le cadre de l’action décrite par le verbe. Les deux exemples suivants apportent un éclairage supplémentaire sur cette différence en faisant jouer la distinction entre objet défini et objet indéfini dans la traduction française. A nouveau, il s’agit d’une différence entre partie et tout :

Pekka joi oluen

Pekka a bu la bière

Pekka = prénom

joi = a bu (boire +PRET)

olut = bière

Pekka joi olutta

Pekka a bu de la bière

1.1.3.2. Les cas locatifs

Les cas locatifs au sens étroit ou au sens large (au sens large, il convient d’ajouter aux six cas locatifs, les trois cas grammaticaux - partitif, essif et translatif - qui peuvent avoir également une valeur spatiale et temporelle dans des constructions particulières) ont à la fois des emplois concrets à signification simple (localisation) et des emplois plus abstraits. Dans cette présentation, nous nous intéresserons qu’aux valeurs spatiales des cas locatifs (on trouvera des exemples d’emplois temporels et autres dans une des grammaires de référence proposées dans la bibliographie).

Les six cas locatifs {inessif, élatif, illatif, adessif, ablatif, ablatif} forment un système particulièrement cohérent sans équivalent en français. Le finnois fait des distinctions dans l’emploi des cas locatifs que l’on ne retrouve pas dans les prépositions du français. Ces six cas s’organisent sur deux plans : le plan de la position et le plan de la direction :

INTERNE EXTERNE
STATIQUE -ssA
(inessif)
-llA
(adessif)
DYNAMIQUE origine -stA
(élatif)
-ltA
(ablatif)
destination -Vn
(illatif)
-lle
(allatif)

La position permet de regrouper les six cas en deux ensembles cohérents : les cas internes {inessif, élatif, illatif} et les cas externes {adessif, ablatif, allatif}.

La direction permet de regrouper les six cas en deux ensembles cohérents : les cas statiques (pas de mouvement) {inessif et adessif} et les cas dynamiques (expression d’un mouvement) {élatif, ablatif, illatif, allatif}. Les cas dynamiques se divisent en deux selon l’orientation du mouvement : éloignement {élatif et ablatif} et rapprochement {illatif et allatif}.

Pour expliciter le fonctionnement de ce système casuel, le mieux est de faire appel à la notion de cible et de site. Les cas locatifs, de même que les prépositions de lieu, expriment un rapport spatial entre deux choses : une cible et un site. La cible est la personne ou l’objet - pour rester dans le domaine du concret - dont on veut établir une relation avec un espace (le site). Dans les deux exemples suivants, Pekka est la cible (ce dont on précise la localisation), et, par ailleurs, la cible est dans un cas la cuisine, et dans l’autre la rue :

Pekka on keittiössä (inessif)

Pekka est dans la salle

Pekka = prénom

on = est (être+présent+3SG)

keittiö = cuisine

Pekka on kadulla (adessif)

Pekka est dans la rue

Pekka = prénom

on = est (être+présent+3SG)

katu = rue 

Dans les deux exemples précédents, la traduction fait appel à la même préposition dans pour exprimer les deux rapports spatiaux. Pour tout rapport spatial, il convient en finnois d’évaluer la nature de la relation en terme de position et de direction.

1.1.3.2.1. La position

La position est déterminée par la relation entre la cible et le site.

Si la relation entre la cible et le site est une relation d’inclusion - le site représente un espace fermé - alors le cas locatif est un cas interne (comme dans l’exemple Pekka on keittiössä Pekka est dans la cuisine). Par ailleurs la relation entre les deux étant de nature statique - pas de mouvement - le cas locatif est par conséquent l’inessif.

Si la relation entre la cible et le site est une relation de surface, de contact, de proximité - le site représente alors un espace ouvert avec ou sans contact avec la cible - le cas locatif est un cas externe (comme dans l’exemple Pekka on kadulla Pekka est dans la rue). Par ailleurs, la relation entre les deux étant de nature statique - pas de mouvement - le cas locatif est par conséquent l’adessif.

1.1.3.2.2. La direction

Considérons maintenant les trois exemples suivants (variation de direction) :

Pekka on keittiössä (inessif)

Pekka est dans la salle

Pekka = prénom

on = est (être+présent+3SG)

keittiö = cuisine

Pekka tulee keittiöstä (élatif)

Pekka vient de la cuisine

Pekka menee keittiöön (illatif)

Pekka va dans la cuisine

Pour tous les compléments du verbe, la direction est déterminée par le verbe.

Si le verbe décrit un rapport spatial statique, il s’agit de l’inessif ou de l’adessif. Le choix entre ces deux derniers cas est fixé par la position de la cible relativement au site. Dans l’exemple Pekka on keittiössä Pekka est dans la cuisine, le rapport entre la cible et le site étant de nature inclusive, on a un cas interne statique : l’inessif.

Si le verbe décrit un mouvement qui correspond à l’abandon ou à l’éloignement d’une position, on a l’élatif ou l’ablatif. Le choix entre ces deux derniers cas est fixé par la position relative de la cible et du site. Dans l’exemple Pekka tulee keittiöstä Pekka vient de la cuisine, le rapport entre la cible et le site étant de nature inclusive, le site présente un cas interne dynamique qui signale un mouvement d’abandon du site (élatif).

Si le verbe décrit un mouvement qui correspond à la prise de position ou au rapprochement de la cible et du site, on a l’illatif ou l’allatif. Le choix entre ces deux derniers cas est fixé par la position de la cible relativement au site. Dans l’exemple Pekka menee keittiöön Pekka va dans la cuisine, le rapport entre la cible et le site étant de nature inclusive, le site présente un cas interne dynamique qui signale un mouvement de prise de position du site (illatif).

Dans les exemples suivants, le raisonnement sur la direction est le même que précédemment, mais il s’agit cette fois d’une relation entre cible et site qui repose sur les cas externes. La premiere série met en jeu une relation de surface, et la seconde série, une relation de contiguïté.

relation de surface :

Kissa on katolla (adessif)

Le chat est sur le toit

kissa = chat

on= est (être+présent+3SG)

katto = toit

Kissa tulee katolta (ablatif)

Le chat vient du toit

Kissa menee katolle (allatif)

Le chat va sur le toit

relation de contiguïté :

Kissa on kadulla (adessif)

Le chat est dans la rue

kissa = chat

on= est (être+présent+3SG)

katu = rue

Kissa tulee kadulta (ablatif)

Le chat vient de la rue

Kissa menee kadulle (allatif)

Le chat va dans la rue

Le tableau suivant récapitule schématiquement les différentes situations en fonction de la position et de la direction :


Cas internes
Cas externes
inessif schéma inessif adessif schéma adessif
élatif schéma élatif ablatif schéma ablatif
illatif schéma illatif allatif schéma allatif

Dans ce schéma, le point noir représente la cible et le carré ou rectangle blanc, le site. Avec les cas internes, le rapport site-cible est un rapport d’inclusion : la cible est contenu dans le site. Avec les cas externes, la cible est sur le site ou contigu au site. Les flèches expriment le mouvement : absence de mouvement avec les cas statiques, et mouvement avec les cas dynamiques. Avec l’élatif et l’ablatif, il s’agit d’un mouvement d’éloignement ; la cible quitte ou s’éloigne du site. Avec l’illatif et l’allatif, il s’agit d’un mouvement de rapprochement ; la cible pénètre ou s’approche du site.

1.1.4. Les désinences personnelles du nom

Les noms peuvent recevoir une désinence personnelle qu’on appelle également désinence possessive. Par simplification, on adoptera cette terminologie afin de les distinguer des désinences personnelles du verbe, mais l’emploi du terme possessif est abusif, car, au sens stricte, la possession n’est qu’un des emplois de ces marques personnelles. Les désinences possessives sont les suivantes :

Singulier Pluriel
1 -ni -mme
2 -si -nne
3 -nsA/-Vn

Les désinences possessives bloquent l’alternance consonantique. Bien que les désinences de 1ère et 2e personnes du pluriel aient une structure syllabique susceptible de fermer la syllabe finale du nom auquel est ajouté la désinence, aucune alternance consonantique n’est possible :

katumme = notre/nos rue(s)

pukunne = votre/vos tenue(s)

À comparer avec :

kadut = les rues

puvut = les tenues

La désinence de troisième personne est neutre quant à la distinction entre le singulier et le pluriel. Si l’on s’en tient uniquement au nom augmenté de la désinence de troisième personne, il y a ambiguïté quant au nombre de la personne :

taloissansa = dans ses/leurs maisons

La présence d’une désinence de personne au nominatif - et uniquement au nominatif - ne permet pas l’expression du pluriel. Le suffixe de pluriel -t est incompatible avec une quelconque désinence possessive. Dans les exemples suivants comportant une désinence de 1ère ou de 2ème personne, le nom est singulier ou pluriel. Hors contexte, aucun indice ne permet de distinguer le singulier du pluriel :

taloni = ma/mes maison(s)

talosi = sa/ses maison(s)

talomme = notre/nos maison(s)

talonne = votre/vos maison(s)

La combinaison des deux observations précédentes conduit à une double ambiguïté pour la désinence de troisième personne : ambiguïté sur le nombre de la personne (3e personne du singulier ou du pluriel) et ambiguïté sur le nombre du nom :

talonsa = sa/ses/leur/leurs maison(s)

La désinence de troisième personne admet deux formes ; le première -nsA est la seule forme possible au nominatif, tandis que la seconde -Vn est une variante (plus fréquente) de la première pour les cas obliques.

Note : V = voyelle quelconque dont le timbre est fixé par la voyelle finale du mot.

talonsa = sa/ses/leur/leurs maison(s)

talossansa ou talossaan = dans sa/leur maison

taloissansa ou taloissaan = dans ses/leurs maisons

siskollensa ou siskolleen = pour sa/leur sœur

siskoillensa ou siskoilleen = pour ses/leurs sœurs

Une désinence possessive suffixée à un nom ne forme pas avec ce dernier une expression complète. L’expression de la personne met en jeu un constituant discontinu formé d’un pronom personnel génitif et d’une désinence possessive qui s’accorde avec ce pronom génitif. La forme adéquate du possessif de première personne est par conséquent la séquence minun....-ni. Comme le montre le tableau suivant, le pronom personnel génitif est facultatif (placé entre parenthèses) :

(Pronom+GÉNITIF) N°+CAS+PER
(minun) talossani dans ma maison
(sinun) talossasi dans ta maison
(hänen) talossansa dans sa maison
(meidän) talossamme dans notre maison
(teidän) talossanne dans votre maison
(heidän) talossansa dans leur maison

Avant de voir le fonctionnement des désinences possessives au regard du pronom génitif avec lequel elles s’accorde, il convient de souligner le parallélisme étroit entre les désinences personnelles du nom et les désinences personnelles du verbe. Le tableau précédent est à comparer avec celui de la conjugaison d’un verbe (il s’agit du verbe puhu- parler au prétérit). Qu’il s’agisse d’un nom ou d’un verbe, les désinences personnelles s’accordent avec un pronom personnel facultatif:

(Pronom) V°+TPS+PER
(minä) puhuin j’ai parlé
(sinä) puhuit tu as parlé
(hän) puhui il/elle a parlé
(me) puhuimme nous avons parlé
(te) puhuitte vous avez parlé
(he) puhuivat ils/elles ont parlé

Aux première et deuxième personnes du singulier comme du pluriel, le pronom sujet n’est utilisé en association avec la désinence possessive que si l’on souhaite insister sur la personne ou marquer un contraste lorsque la personne du sujet n’est pas la même :

Personne du possesseur identique au sujet de la phrase :

(Sinä) otit kirjasi

Tu as pris ton livre

sinä = tu

otit = prendre+PRÉT+2SG

kirja = livre

Personne du possesseur différente du sujet de la phrase :

(Sinä) otit kirjani

Tu as pris mon livre

OU

(Sinä) otit minun kirjani

Tu as pris mon livre

A la troisième personne, les choses se présentent autrement ; le pronom génitif est obligatoirement absent lorsque la personne du possesseur renvoie au sujet de la phrase, et obligatoirement présent lorsque la personne du possesseur n’est pas la même que le sujet. À noter :le pronom sujet de troisième personne est aussi obligatoire dans une phrase simple (pas de parenthèses) :

Hän otti kirjansa

Il/elle a pris son livre

hän = il/elle

otti = prendre+PRÉT+3SG

kirja = livre

Hän otti hänen kirjansa

Il/elle a pris son livre

Point important : la traduction française ne permet pas de rendre compte de la différence d’interprétation entre les deux phrases. Cela tient au fait que l’adjectif possessif du français son est ambigu dans cette phrase. Dans la première phrase, l’absence de pronom génitif signale que la personne du possesseur est la même que celle du sujet de la phrase. Une traduction plus adéquate de Hän otti kirjansa serait il/elle a pris son propre livre. Dans la seconde phrase, la présence du pronom génitif implique qu’il s’agit nécessairement d’une personne différente de celle représentée par le pronom sujet. Pour être explicite, il conviendrait d’associer à la traduction de la phrase Hän otti hänen kirjansa il/elle a pris son livrel’information son livre = le livre de quelqu’un d’autre.

Étant donné le renvoi à la personne du sujet, l’ambiguïté quant au nombre de la 3e personne est levée par le contexte syntaxique. De même, la présence d’un pronom génitif permet de distinguer le singulier du pluriel. On a donc les deux cas de figure suivant :

hän................kirjansa = son/ses livre(s)

he..................kirjansa = leur/leurs livre(s)

hänen kirjansa = son/ses livre(s)

heidän kirjansa = leur/leurs livre(s)

Quant à l’ambiguïté du nombre du nom, elle disparaît aux cas obliques, ne laissant plus aucune ambiguïté dans l’emploi des désinences de 3e personne :

hän................kirjassansa = dans son livre

he.... .......kirjassansa = dans leur livre

Hän.........kirjoissansa = dans ses livres

he.... ....kirjoissansa = dans leurs livres

hänen kirjassansa = dans son livre

heidän kirjassansa = dans leur livre

hänen kirjoissansa = dans ses livres

heidän kirjoissansa = dans leurs livres

Faire les exercices 9, 10, 11 et 12

1.2. Morphologie du verbe

La structure d’une forme verbale est la suivante (les classes de morphèmes placées entre parenthèses sont facultatives) :

V°+(DER)+(PASS)+TPS+PER+(PTC)

V° = radical verbal

DER = morphème dérivationnel

PASS = passif

TPS = temps

PER = personne

PTC = particule

Exemples à partir de laitta- préparer :

laittautu-= laitta+UtU (V°+DER)

se préparer

laittauduin = laitta+UtU+i+n (V°+DER+PRÉT+1SG)

je me suis préparé(e)

laittauduinko ? = laitta+UtU+i+n+kO (V°+DER+PRÉT+1SG+PTC)

me suis-je préparé(e) ?

La particule -kO marque l’interrogation.

Une forme verbale est pour le moins spécifiée pour le temps et la personne. Le morphème zéro de la catégorie du temps est le présent, et dans la catégorie de la personne, le morphème zéro représente la troisième personne du singulier.

puhun = puhu+ø+n je parle

puhuin = puhu+i+n j’ai parlé

puhuin = puhu+i+n j’ai parlé

puhui = puhu+i+ø il/elle a parlé

1.2.1. Le temps

Deux temps seulement : le présent et le prétérit. Le présent est représenté par le  morphème zéro tandis que le prétérit est réalisé sous la forme du suffixe -i :

Présent puhu- parler
1SG (minä) puhun je parle
2SG (sinä) puhut tu parles
3sG hän puhuu il/elle parle
1PL (me) puhumme nous parlons
2PL (te) puhutte vous parlez
3PL he puhuvat ils/elles parlent
Prétérit puhu- parler
1SG (minä) puhuin je parle
2SG (sinä) puhuit tu parles
3sG hän puhui il/elle parle
1PL (me) puhuimme nous parlons
2PL (te) puhuitte vous parlez
3PL he puhuivat ils/elles parlent

Pour exprimer une action future, le finnois utilise deux stratégies différentes et complémentaires ; soit utiliser un mot approprié, soit utiliser un objet génitif pour les verbes transitifs :

mot approprié

Pekka tulee huomenna

Pekka vient/viendra demain

On remarquera au passage que le français peut également utiliser le présent dans le contexte d’un mot approprié comme demain.

objet génitif

Comparons les deux phases suivantes :

Pekka lukee kirjaa.

Pekka lit le livre.

Pekka lukee kirjan.

Pekka lira le livre.

Dans la première phase, le temps présent est employé avec un objet partitif dont on sait qu’il s’interprète comme étant partiellement affecté par l’action décrite par le verbe. Dans la seconde phrase, le temps présent employé avec un objet génitif implique que l’objet est envisagé dans sa totalité. Il ne peut donc pas s’agir d’une action présente, car l’action de lire ne peut pas englober la totalité de l’objet à l’instant même où l’on parle. Cet emploi correspond donc à une valeur de futur.

1.2.2. Les désinences personnelles du verbe

Les suffixes de personne des formes verbales sont les suivants :

Singulier Pluriel
1 -n -mme
2 -t -tte
3 - -vAt

Aux deux premières personnes du singulier comme du pluriel, le pronom sujet est facultatif. Le suffixe de personne, différent pour chaque personne dans la conjugaison des verbes, suffit à identifier la personne du sujet :

(minä) puhun je parle

(sinä) puhut tu parles

(me) puhumme nous parlons

(te) puhutte vous parlez

A la troisième personne du singulier comme du pluriel, le pronom sujet est obligatoire :

hän puhuu Il/elle parle

he puhuvat ils/elles parlent

L’absence de pronom sujet de troisième personne confère une interprétation générique à la phrase :

sen arvaa

(lit : cela devine)

On le devine / Ça se devine

Dans cette phrase, le pronom génitif sen cela est un objet, et l’absence de pronom sujet explicite invite à interpréter ce dernier comme un sujet générique équivalent au pronom français on lorsqu’il est entendu dans le sens qui que ce soit.

Le morphème de troisième personne du singulier a deux formes :-V (= allongement de la voyelle finale) au présent, et -ø au prétérit :

Présent Prétérit
puhu-
parler
puhuu
il/elle parle
puhui
il/elle a parlé
sano-
dire
sanoo
il/elle parle
sanoi
il/elle a parlé
nukku-
dire
nukkuu
il/elle dort
nukkui
il/elle a dormi
tanssi-
danser
tanssii
il/elle danse
tanssi
il/elle a dansé

Si le radical du verbe se termine par une voyelle longue ou une diphtongue, il ne peut pas y avoir d’allongement de la voyelle. La troisième personne du singulier est alors représentée par le suffixe zéro :

Présent
saa
obtenir
hän saa
il/elle obtient
tapaa
rencontrer
hän tapaa
il/elle rencontre
juo-
boire
hän juo
il/elle boit
syö-
manger
hän syö
il/elle mange

Faire les exercices 13, 14 et 15

2. Syntaxe

2.1. Les phrases simples

Les phrases simples - phrases ne contenant aucune proposition subordonnée - se répartissent en plusieurs types:

  1. Les phrases transitives

  2. Les phrases intransitives

  3. Les phrases attributives (non traitées)

  4. Les phrases existentielles

  5. Les phrases impersonnelles (non traitées)

  6. Les phrases causatives (non traitées)

  7. Les phrases passives (non traitées)

2.1.1. Les phrases transitives

L’objet d’une phrase transitive est marqué par un cas morphologique qui peut être, 1) un accusatif (pour les pronoms personnels humains uniquement), 2) un nom au nominatif pluriel, 3) un nom ou un pronom au génitif singulier, 4) un nom au nominatif singulier, et 5) un nom ou un pronom au partitif.

L’objet d’une phrase transitive est à l’accusatif lorsque cet objet est un pronom personnel (humain) :

Pekka näkee minut

Pekka me voit

Pekka = prénom

näkee = voir+PRÉS+3SG

minut = me+ACC

mais cet objet est au partitif dans une phrase négative :

Pekka ei näe minua

Pekka ne me voit pas

Pekka = prénom

ei = négation+3SG

näe = voir+PRÉS

minua = me+PART

Un objet nominal pluriel est au nominatif lorsqu’il est défini :

Pekka näki filmit

Pekka a vu les films

Pekka = prénom

näki = voir+PRÉT+3SG

filmi = film

Un objet nominal singulier est au génitif lorsqu’il est défini, qu’il s’agisse d’un nom ou d’un pronom non-humain :

Pekka näki filmin

Pekka a vu le film

Pekka näki sen

Pekka l’a vu(e)

se = le/la (non humain)

Un objet nominal singulier est au nominatif lorsqu’il est défini et qu'il appartient à une phrase impérative ou passive :

katso filmi

Regarde le film

katso = regarder+IMP+2SG

filmi = film

auto ostettiin eilen

on a acheté la voiture hier

ostettiin = acheter+PASS+PRET+3

eilen = hier

Un objet est au partitif: 1) lorsqu’il n’est pas entièrement affecté par le procès décrit par le verbe, 2) lorsqu’il représente une quantité indéterminée, 3) lorsqu’il représente une part indéterminée d’un objet massif (noms non comptables) :

Pekka katsoo filmiä

Pekka regarde le film

katsoo = regarder+PRÉS+3SG

filmi = film

Pekka ostaa sanomalehtiä

Pekka achète des journaux

ostaa = acheter+PRÉS+3SG

sanomalehti = journal

Pekka juo olutta

Pekka boit de la bière

Pekka = prénom

juo = boire+PRÉS+3SG

olut = bière

Un objet est au toujours au partitif dans une phrase négative :

Pekka ei nähnyt filmejä

Pekka n’a pas vu les films

Pekka = prénom

ei = négation+3SG  

näe = voir+PRÉS

filmejä = film+PL+PART

Pekka ei nähnyt filmiä

Pekka n’a pas vu le film

Pekka ei nähnyt sitä

sitä = se+PART le/la (non humain)

Pekka ne l’a pas vu(e)

(Minä) katson televisiota

Je regarde la télévision

(Te) katsotte televisiota

Vous regardez la télévision

Le sujet pronominal de première ou de deuxième personne est facultatif. Les désinences personnelles du verbe étant suffisamment explicites quant aux indications de personne et de nombre, la présence d’un pronom sujet introduit une part de redondance dans la phrase.

Certains verbes transitifs ont également un complément locatif dont le cas morphologique est en partie déterminé par le verbe et en partie par le type de rapport entre la cible et le site. Dans l’exemple suivant, le verbe pane- mettre induit un mouvement de rapprochement entre la cible (l’objet) et le site (le locatif). Selon le système des cas locatifs présentés en 4.1.3.2, le complément locatif sera à l’allatif (-lle) ou à l’illatif (-Vn) selon la nature du rapport entre la cible et le site :

Merja panee papereita pöydälle

Merja met des papiers sur la table

Merja = prénom

panee = mettre+PRÉS+3SG

paperi = papier

pöytä = table

Merja panee papereita laatikkoon

Merja met des papiers dans le tiroir

laatikko = tiroir

La même chose pour un verbe avec un complément locatif qui entretient une relation d’éloignement avec la cible (l’objet de la phrase). Dans l’exemple suivant, le complément locatif est soit l’ablatif (-ltA), soit l’élatif (-stA) :

Merja ottaa papereita pöydältä

Merja prend des papiers sur la table

ottaa = prendre+PRÉS+3SG

Merja ottaa papereita laatikosta

Merja prend des papiers dans le tiroir

Certains verbes acceptent aussi bien des compléments signifiant un éloignement qu’un rapprochement. La différence de signification engendrée par le choix de la direction en finnois est prise en compte en français par un changement de verbe. Ainsi, le verbe laina- signifie aussi bien prêter qu’ emprunter. La signification de prêter se retrouve dans l’association entre laina- et un complément à l’allatif, tandis que la signification du verbe emprunter est prise en compte par le complément à l’ablatif :

prêter = laina- .... -lle

emprunter = laina- .... -ltA

exemples:

Jussi lainaa rahaa Suville

Jussi = prénom

Jussi prête de l’argent à Suvi

lainaa = prêter+PRÉS+3SG

raha = argent

Suvi = prénom

Jussi lainaa rahaa Suvilta

Jussi emprunte de l’argent à Suvi

2.1.2. Les phrases intransitives

Les phrases intransitives se caractérisent par la présence d’un verbe intransitif. Ce verbe peut être un verbe simple ou un verbe réfléchi (les verbes réfléchis sont des verbes intransitifs dérivés à partir de verbes transitifs. Ex: pese- laver, peseyty- se laver, valmista- préparer, valmistautu- se préparer, näyttä- montrer, näyttäyty- se montrer, kirjoitta- écrire, kirjoittautu- s’inscrire... Sur le plan syntaxique, une phrase intransitive ne se distingue d’une phrase transitive que par l’absence d’objet. Le sujet de la phrase est au nominatif et il s’accorde avec le verbe comme le sujet d’une phrase transitive :

Lapset nukkuvat

Les enfants dorment

lapsi = enfant

nukkuvat = dormir+PRÉS+3PL

Lapset peseytyvät

Les enfants se lavent

peseytyvät = se laver+PRÉS+3PL

Le verbe d’une phrase intransitive peut sélectionner un complément locatif dans les mêmes conditions qu’un verbe transitif. La direction du locatif est gouvernée par le choix du verbe et la distinction entre cas externes et cas internes est régie par la relation spatiale entre la cible (le sujet cette fois) et le complément locatif. Quelques exemples avec le verbe ole- être, mene- aller et tule- venir :

Cas internes

Eija on saunassa

Eija est dans le sauna

Eija = prénom

on = être+PRÉS+3SG

sauna = sauna

Eija menee saunaan

Eija va dans le sauna

Eija tulee saunasta

Eija vient du sauna

Cas externes

Eija on kaupungilla

Eija est en ville

Eija = prénom

on = être+PRÉS+3SG

kaupunki = ville

Eija menee kaupungille

Eija va en ville

menee = aller+PRÉS+3SG

Eija tulee kaupungilta

tulee = venir+PRÉS+3SG

Eija vient de la ville

2.1.3. Les phrases existentielles

Les phrases existentielles sont des phrases sans sujet dans lesquelles le verbe est invariablement à la troisième personne du singulier et toujours suivi d’un complément au nominatif ou au partitif. Le plus souvent la phrase contient un complément locatif en début de phrase. Ce complément locatif est ce dont on parle, et le complément du verbe est ce que l’on en dit. Une traduction mot à mot de ces phrases est impossible en français et repose sur une construction inversée avec un sujet indéfini ou introduite par il y a :

Kerrostalossa on hissi

(Dans l’immeuble est ascenseur)

Il y a un ascenseur dans l’immeuble

kerrostalo = immeuble

on = être+PRÉS+3SG

hissi = ascenseur

Lumessa näkyy jalanjälkiä

(Dans la neige apparaît traces de pas)

Des traces de pas apparaissent dans la neige

lumi = neige

näkyy = apparaître+PRÉS+3SG

jalanjälki = trace de pas

Dans ce dernier exemple on remarquera que, contrairement au français, jalanjälkiä traces de pas n’est pas le sujet du verbe; il n’est pas au nominatif et ne s’accorde pas en personne et en nombre avec le verbe.

Le complément est au nominatif singulier lorsqu’il s’agit d’un nom comptable. Dans cette construction, il a toujours une interprétation indéfini :

Kadulla on auto

(Dans la rue est voiture)

Il y a une voiture dans la rue

katu = rue

on = être+PRÉS+3SG

auto = voiture

Helsingistä tulee kirje

(De Helsinki vient une lettre)

Une lettre vient d’Helsinki

Helsinki

tulee = venir+PRÉS+3SG

kirje = lettre

Un nom non comptable est au partitif singulier :

Karahvissa on vettä

(Dans la carafe est eau)

Il y a de l’eau dans la carafe

karahvi = carafe

on = être+PRÉS+3SG

vesi = eau

Pöydällä on ruokaa

(Sur la table est nourriture)

Il y a de la nourriture sur la table

pöytä = table

on = être+PRÉS+3SG

ruoka = nourriture

Le complément est au partitif pluriel, lorsqu’il est question d’un indéfini pluriel (nom comptable) :

Kadulla on autoja

(Dans la rue est voitures)

Il y a des voitures dans la rue

katu = rue

on = être+PRÉS+3SG

auto = voiture

Helsingistä tulee kirjeitä

(De Helsinki vient des lettres)

Des lettres viennent d’Helsinki

Helsinki

tulee = venir+PRÉS+3SG

kirje = lettre

Le finnois n’a pas de verbe avoir. L’expression phrastique de la possession se fait au moyen d’une construction existentielle comportant le verbe ole- être et un possesseur à l’adessif (cas locatif) :

Jussilla on auto

(À Jussi est voiture)

Jussi a une voiture

Jussi = prénom

on = être+PRÉS+3SG

auto = voiture

Minulla on sanakirja

J’ai un dictionnaire

minulla = je+ADE

sanakirja = dictionnaire

Hänellä on rahaa

Il/elle a de l’argent

hänellä = il/elle+ADE

raha = argent

Meillä on kysymyksiä

Nous avons des questions

meillä = nous+ADE

kysymys = question

Le complément peut parfois se présenter sous la forme d’un nominatif pluriel. Étant donné le caractère défini du nominatif pluriel, la présence de ce type de complément induit une interprétation particulière selon laquelle le complément est une propriété caractéristique du locatif. La différence d’interprétation apparaît clairement si l’on met en opposition le nominatif pluriel (forme particulière) avec le partitif pluriel (forme générale) :

Huoneessa on suuret ikkunat

La pièce a de grandes fenêtres

huone = pièce

on = être+PRÉS+3SG

suuri = grand(e)

ikkuna = fenêtre

Huoneessa on suuria ikkunoita

La pièce a de grandes fenêtres

La différence de sens n’apparaît pas directement en français. Dans la première phrase, l’emploi du nominatif pluriel implique que toutes les fenêtres sont grandes. Il s’agit par conséquent d’une propriété qui caractérise la pièce. Dans la seconde phrase, l’emploi du partitif pluriel permet d'introduire une interprétation partitive : il y a de grandes fenêtres (parmi l'ensemble des fenêtres).

2.2. La négation

La négation se présente sous la forme originale d’un auxiliaire fléchi (e-, ei), c’est à dire d’un auxiliaire pourvu d’une marque de personne, tandis que le verbe garde la marque de temps ou de mode. Comparons les deux formes verbales :

Forme verbale positive puhu- parler
1SG (minä) puhun je parle
2SG (sinä) puhut tu parles
3sG hän puhuu il/elle parle
1PL (me) puhumme nous parlons
2PL (te) puhutte vous parlez
3PL he puhuvat ils/elles parlent
Forme verbale négative puhu- parler
1SG (minä) en puhu je ne parle pas
2SG (sinä) et puhu tu ne parles pas
3sG hän ei puhu il/elle ne parle pas
1PL (me) emme puhu nous ne parlons pas
2PL (te) ette puhu vous ne parlez pas
3PL he eivät puhu ils/elles ne parlent pas

Du fait de la présence obligatoire des désinences personnelles sur la négation, on décrit souvent la négation du finnois comme un verbe conjugué. Il s’agit plutôt d’une sorte d’auxiliaire. Contrairement aux verbes, la négation ne prend pas les marques de temps et elle n’a pas de formes infinitives et ni de participes.

L’objet d’une phrase négative - pronom ou nom - est toujours au partitif :

Pekka näkee minut

Pekka me voit

Pekka = prénom

näkee = voir+PRÉS+3SG

minut = me+ACC

Pekka ei näe minua

(Pekka NEG voir moi)

Pekka ne me voit pas

ei = négation+3SG

näe = voir+PRÉS

minua = me+PART

Pekka ostaa sanomalehden

Pekka achète le journal

Pekka = prénom

ostaa = acheter+PRÉS+3SG

sanomalehti = journal

Pekka ei osta sanomalehteä

(lit : Pekka NEG acheter le journal)

Pekka n’achète pas le journal

ei = négation+3SG

osta = acheter+PRÉS

Jussilla on auto

(lit : À Jussi est voiture)

Jussi a une voiture

Jussi = prénom

on = être+PRÉS+3SG

auto = voiture

Jussilla ei ole autoa

(lit : À Jussi NEG être voiture)

Jussi n’a pas de voiture

Jussi = prénom

ei = NEG+3SG

on = être+PRÉS

auto = voiture

2.3. L’interrogation

Les phrases interrogatives sont formées très simplement par adjonction de la particule interrogative -kO (-ko/-kö) sur le constituant interrogé ou par l’emploi d’un pronom interrogatif. Dans les deux cas, le terme interrogatif est déplacé en début de phrase.

Les phrases interrogatives sont de deux types selon la nature de la réponse donnée : Les questions donnant lieu à une réponse par oui ou par non forment les questions totales (elles portent sur l’ensemble de la phrase). Les questions formulées au moyen d’un mot interrogatif et donnant lieu à une réponse par un constituant de même statut que le mot interrogatif forment les questions partielles.

2.3.1. L’interrogation totale

Une question portant sur l’ensemble de la phrase est formée par suffixation au verbe de la particule -kO. Le verbe est alors placé en début de phrase :

Tuleeko Eija huomenna ?

(lit : vient+kO Eija demain)

Eija vient-elle demain ?

tulee = venir+PRÉS+3SG

Eija = prénom

Huomenna = demain

Tuletko huomenna ?

(lit : viens+kO demain)

Viens-tu demain ?

tulet = venir+PRÉS+2SG

Ovatko lapset kadulla ?

(lit : sont+kO enfants dans la rue)

Les enfants sont-ils dans la rue ?

ovat = être+PRÉS+3PL

lapsi = enfant

katu = rue

Meneekö Jussi Helsinkiin ?

(lit : Va+kO Jussi à Helsinki)

Jussi ira-t-il à Helsinki ?

menee = aller+PRÉS+3SG

Jussi = prénom

Helsinki

Onko sinulla sanakirja ?

(lit : Est+kO tu dictionnaire)

As-tu un dictionnaire ?

on = être+PRÉS+3SG

sinulla = tu+ADE

sanakirja = dictionnaire

Oui et non n’existent pas vraiment en finnois. La réponse à une question totale repose sur la reprise affirmative ou négative du verbe. Si la réponse est négative, la négation fléchie suffit. Les deux réponses possibles aux questions précédentes sont les suivantes :

2.3.2. L’interrogation partielle

Le mot interrogatif est soit un pronom soit un constituant de phrase augmenté de la particule -kO.

Quelques pronoms interrogatifs :

Quelques exemples de phrases avec pronom interrogatif :

kuka tulee huomenna ?

Qui vient demain ?

kuka = qui (nominatif)

tulee = venir+PRÉS+3SG

huomenna = demain

Missä Suvi on ?

Où est Suvi ?

missä = (nominatif)

on = être+PRÉS+3SG

Suvi = prénom

Kenellä on sanakirja ?

(Qui+ADE est dictionnaire)

Qui a un dictionnaire ?

Kenellä = qui (adessif)

on = être+PRÉS+3SG

sanakirja = dictionnaire

Kenet Jussi tapasi ?

Qui Jussi a-t-il rencontré ?

Kenet = qui (accusatif)

Jussi = prénom

tapasi = rencontrer+PRÉT+3SG

La réponse a une question partielle se fait au moyen d’un constituant fléchi ; le nom ou le pronom de la réponse présente le cas morphologique qu’il aurait dans une phrase affirmative. Les réponses aux questions précédentes peuvent être les suivantes:

Jussi Jussi (Nominatif, cas du sujet)

Kadulla dans la rue (adessif, cas du locatif)

minulla moi (adessif, cas du possesseur phrastique)

minut/Suvin moi/Suvi (accusatif/génitif, cas de l’objet)

2.3.3. L’interrogation emphatique

En lieu et place d’un pronom interrogatif, une question partielle peut porter sur un constituant de phrase signalé par le suffixe -kO :

Jussiko tulee huomenna ?

(lit : Jussi+kO vient demain)

Est-ce Jussi qui vient demain ?

Jussi = prénom

tulee = venir+PRÉS+3SG

huomenna = demain

Sanomalehteä luet ?

(lit : journal+kO tu lis ?)

Est-ce le journal que tu lis ?

sanomalehti = journal

Luet = lire+PRÉS+2SG

Kenellä on sanakirja ?

(lit : Qui+ADE est dictionnaire)

Qui a un dictionnaire ?

Kenellä = qui (adessif)

on = être+PRÉS+3SG

sanakirja = dictionnaire

Kenet Jussi tapasi ?

Qui Jussi a-t-il rencontré ?

Kenet = qui (accusatif)

Jussi = prénom

tapasi=rencontrer+PRÉT+3SG

2.4. L’ordre des constituants de la phase

L’ordre des mots est libre. Pour être plus précis, il s’agit de l’ordre des constituants majeurs de la phrase : sujet, verbe et complément(s).

Si les constituant de la phrase peuvent changer de place, l’organisation interne des syntagmes est rigide. Par exemple, l’ordre relatif du nom, du génitif et de l’adjectif est fixe. Le génitif et l’adjectif précèdent le nom, le génitif précède l’adjectif :

Jussin auto Jussi = prénom

la voiture de Jussi

uusi auto uusi = nouveau/nouvelle

nouvelle voiture

Jussin uusi auto

la nouvelle voiture de Jussi

La variation d’ordre des constituants syntaxiques est rendue possible par le marquage casuel. Les constituants de la phrase étant identifiés dans leur fonction syntaxique par les cas morphologiques, la place relative du sujet et de l’objet peut servir à autre chose que l’identification des fonctions. Elle sert à introduire des variations de sens qui dépendent de la situation de communication. On place en tête de phrase ce dont on veut parler.

La séquence Sujet - Verbe - Complément(s) - le complément pouvant être absent - est l’ordre neutre, et ce, quel que soit le type de phrase.

A partir des trois termes rencontrés dans les phrases transitives Sujet Verbe et Objet, deux ordres dominent dans la langue: SVO et OVS, le second correspondant à une permutation du sujet et de l’objet. L’ordre SVO est employé dès lors que l’on dit quelque chose du sujet. L’ordre OVS est employé toutes les fois que l’on pose l’objet comme étant ce dont on veut parler :

SVO Jussi kuvasi Liisan

Jussi+NOM photographier+PRÉT+3SG Liisa+GEN

Jussi a photographié Liisa

OVS Liisan kuvasi Jussi

Liisa a été photographiée par Jussi

Comme le montre la traduction, la phrase OVS est la façon la plus naturelle de traduire une phrase passive.

A partir des deux agencements SVO et OVS qui organisent la phrase transitive à partir du sujet ou de l’objet choisi comme thème (exemples SVO et OVS), l’interversion de deux des trois termes induit une interprétation contrastive (exemples SOV et OSV) ou emphatique (exemples VSO et OVS) :

SVO Jussi kuvasi Liisan

Jussi+NOM photographier+PRÉT+3SG Liisa+GEN

Jussi a photographié Liisa

SOV Jussi Liisan kuvasi

C'est Jussi qui a photographié Liisa

(et non pas quelqu’un dautre)

VSO Kuvasi Jussi Liisan

Jussi a bel et bien photographié Liisa

OVS Liisan kuvasi Jussi

Liisa a été photographiée par Jussi

OSV Liisan Jussi kuvasi

C’est Liisa que Jussi a photographiée

(et non pas quelqu’un d’autre)

VOS Kuvasi Liisan Jussi

Liisa a bel et bien été photographiée par Jussi

Faire les exercices 16, 17, 18, 19, 20 et 21

Abréviations

Abréviation Morphème Suffixe(s) Type Exemple
1SG 1ère personne du singulier -n flexion puhun
3 3ème personne -nsA
-Vn
flexion talonsa sa maison / leur maison
talossaan dans sa maison
3PL 3ème personne du pluriel -vAt flexion puhuvat ils/elles parlent
ABE Abessif -ttA flexion rahatta sans argent
ABL ablatif -ltA flexion -
ACC accusatif -llA flexion Hän näkee minut. Il/elle me voit.
ADE adessif -t (pronom) flexion -
ALL allatif -lle flexion -
AUX auxiliaire - flexion -
CAS cas - flexion -
COM comitatif -ine+POSS flexion -
COND conditionnel - flexion -
DER Morphème dérivationnel - dérivation -
ELA élatif -ltA flexion -
ESS essif -nA flexion -
FACT factitif -ttA dérivation syö- manger,
syöttä- faire manger/nourrir
GEN génitif -n flexion talon katto le toit de la maison
ILL illatif -Vn flexion laatikkoon dans le tiroir
IMP/2PL impératif -kAA flexion puhukaa parlez
INE inessif -ssA flexion talossa dans la maison
INT interrogatif -kO flexion tuletko ?
INF infinitif -(t)a flexion puhua parler
INS instructif -in flexion -
Lit littéralement - - -
NBR nombre - flexion -
NOM nominatif flexion -
Radical nominal - flexion -
P/PAS Participe passé -nUt flexion syönyt mangé(e)
PART partitif -(t)A flexion taloa maison
PASS passif -(t)tA flexion puhutaan on parle
PER Morphème de personne - flexion -
PL pluriel -t
-i
flexion talot les maisons
taloissa dans les maisons
POSS Désinence possessive -ni... flexion taloni ma maison
POT potentiel - flexion -
PRÉS présent flexion puhun = puhu+ø+n je parle
PRÉT prétérit -i flexion puhuin = puhu+i+n j’ai parlé
PTC particule -kin... flexion minäkin moi aussi
RÉFL réfléchi -UtU dérivation pese- laver
peseytyä se laver
SG singulier flexion -
TPS temps/mode - flexion -
TRA translatif -ksi flexion -

Bibliographie

  • Fred Karlsson, 1983, Finnish Grammar, Werner Söderström, Porvoo.
  • Fred Karlsson, 1999, Finnish. An Essential Grammar, Routledge, London, New York.
  • Helena Sulkala & Merja Karjalainen,1992, Finnish, Routledge, London, New York.