Seconde partie du cours
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Cours: | Finnois |
Livre: | Seconde partie du cours |
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Date: | vendredi 22 novembre 2024, 01:30 |
Table des matières
- 1. Morphologie
- 1.1.2. Le morphème de pluriel
- 1.1.3. Les cas morphologiques
- 1.1.3.1. Les cas grammaticaux
- 1.1.3.2 Les cas locatifs
- 1.1.4. Les désinences personnelles du nom
- 1.2. Morphologie du verbe
- 2.1 Les phrases simples
- 2.1.1. Les phrases transitives
- 2.1.2. Les phrases intransitives
- 2.1.3. Les phrases existentielles
- 2.2. La négation
- 2.3. L'interrogation
- 2.4. L’ordre des constituants de la phase
- Abréviations
- Bibliographie
1. Morphologie
La morphologie des mots finnois se répartit en deux domaines : la morphologie des noms et la morphologie des verbes. Les adjectifs se comportent comme les noms, les postpositions ont un comportement morphologique en partie nominale, et les participes et les infinitifs du verbes se rangent également du côté des noms.
Le finnois étant une langue agglutinante, la mise en forme des mots opère à partir de la suffixation de morphèmes dérivationnels ou flexionnels. Les morphèmes dérivationnels permettent de former un mot à partir d’un autre mot (la morphologie dérivationnelle est traditionnellement traitée dans le cadre du lexique).
Les morphèmes flexionnels sont de deux types : 1) les morphèmes qui expriment des variables obligatoires dans le cadre de la bonne formation des unités syntaxiques (nombre, cas grammatical, temps, personne...), 2) les morphèmes qui supportent des relations syntaxiques et sémantiques facultatives.
1.1. Morphologie du nom
La structure des noms est la suivante (les éléments entre parenthèses représentent des classes de morphèmes facultatives) :
N°+(DER)+NBR+CAS+(PER)+(PTC)
Exemples à partir de kirja livre :
kirjasto = kirja+sto (N°+DER)
bibliothèque
kirjastot = kirja+sto (N°+DER+PL)
bibliothèques
kirjastoissa = kirja+sto+i+ssA (N°+DER+PL+INE)
dans les bibliothèques
kirjastoissansa=kirja+sto+i+ssA+nsA (N°+DER+PL+INE+POSS)
dans ses bibliothèques
kirjastoissansakin = kirja+sto+i+ssA+nsA+kin (N°+DER+PL+INE+POSS+PTC)
dans ses bibliothèques également
Tout nom ou adjectif en situation d’emploi dans la langue est obligatoirement spécifié pour le nombre et le cas. Un nom ou un adjectif sans suffixes s’interprète comme un nom ou un adjectif au nominatif singulier et peut se représenter sous une forme conforme au schéma précédent en faisant appel au morphème zéro dans chacune des classes obligatoires :
kirja = kirja+Ø+Ø (N°+SG+NOM)
livre
kirjat = kirja+t+Ø (N°+PL+NOM)
livres
kirjassa = kirja+Ø+ssA (N°+SG+INE)
dans le livre
Pour ne pas alourdir la description morphologique, on ne mentionnera pas systématiquement l’occurrence des morphèmes zéro. On écrira plus volontiers talossa = talo+ssA = talo+INE que talossa = talo+Ø+ssA = talo+SG+INE.
Par ailleurs, lorsque cela s’avérera nécessaire, le suffixe casuel sera mis en gras et le morphème de pluriel souligné. Ex : taloissa = talo+i+ssA = dans les maisons
1.1.1. Forme des radicaux
Tous les mots ne se comportent pas de la même façon vis à vis de la suffixation. Le radical du mot - ce qui reste lorsqu’on retire les suffixes - ne se présente pas nécessairement sous la forme du nominatif (forme du mot sans suffixes). Dans le mot talossa dans la maison, le radical talo- (talo+ssA = maison+INE) est identique au nom seul (nominatif singulier) talo. Dans le mot vedessä dans l’eau, le radical vede- est différent du mot employé seul vesi eau.
La variation entre la forme des radicaux et la forme des mots au nominatif singulier (forme de référence) est importante ; le tableau suivant récapitule tous les types de radicaux. Dans ce cours, nous laisserons de côté tout ce qui est grisé.
Mots se terminant en : | N° | N°+SG+INESSIF | N°+PL+INESSIF | ||
---|---|---|---|---|---|
u, o, a y, ö, ä |
talo puku sauna hylly pöllö kylä |
maison vêtement sauna étagère hibou village |
talossa puvussa saunassa hyllyssä pöllössä kylässä |
taloissa puvuissa saunoissa hyllyissä pöllöissä kylissä |
|
aa, uu… (voyelle longue) |
maa puu |
pays arbre |
maassa puussa |
maissa puissa |
|
yö, uo, ie… (diphtongue) |
työ tie |
travail chemin |
työssä tiessä |
töissä teissä |
|
e | huone | pièce | huoneessa | huoneissa | |
i | type | rooli | rôle | roolissa | rooleissa |
type |
kieli | langue | kielessä | kielissä | |
type | vesi | eau | vedessä | vesissä | |
nen | nainen | femme | naisessa | naisissa | |
s |
taivas rakennus kysymys |
ciel bâtiment question |
taivaassa rakennuksessa kysymyksessä |
taivaissa rakennuksissa kysymyksissä |
|
in |
avain puhelin |
clé téléphone |
avaimessa puhelimessa |
avaimissa puhelimissa |
|
en | joutsen | cygne | joutsenessa | joutsenissa | |
el | sävel | mélodie | sävelessä | sävelissä | |
t |
olut kevät |
bière printemps |
oluessa keväässä |
oluissa keväissä |
|
r | sisar | sœur | sisaressa | sisarissa |
1.1.1.1. Radicaux des mots se terminant par une voyelle harmonisante
Dans ce qui suit, nous nous intéresserons uniquement au comportement des mots qui se terminent par une voyelle harmonisante simple et aux mots qui se terminent par la voyelle i.
1.1.1.1.1. Mots se terminant par une voyelle harmonisante {y, ö, u, o}
Les mots qui ont une voyelle finale harmonisante {y, ö, ä o, u, a} se répartissent en deux groupes en fonction du sort fait à la voyelle finale devant le i du pluriel.
Les noms qui se terminent par une voyelle harmonisante {y, ö, u, o} ont une fin de mot inchangée au singulier comme du pluriel. Seule l’alternance consonantique est susceptible de modifier la forme du radical :
talo maison : talo-
talot les maisons
talossa dans la maison
aloissa dans les maisons
koivu bouleau : koivu-
koivut les bouleaux
koivussa dans le bouleau
koivuissa dans les bouleaux
hylly étagère : hylly-
hyllyt les étagères
hyllyllä sur l’étagère
hyllyillä sur les étagères
sääntö règle : sääntö-
säännöt les règles
säännössä dans la règle
säännöissä dans les règles
1.1.1.1.2. Mots se terminant par une voyelle harmonisante {ä, a}
La voyelle finale a devient o devant le i du pluriel, dans les mots dissyllabiques pour peu que la première syllabe ne contienne pas la voyelle o ou u :
sana mot : sana-
sanat les mots
sanassa dans le mot
sanoissa dans les mots
lista liste : lista-
listat les listes
listassa dans la liste
listoissa dans les listes
La voyelle finale a tombe devant le i du pluriel si la première syllabe contient une voyelle o ou u :
sota guerre : sota-
sodat les guerres
sodassa dans la guerre
sodissa dans les guerres
kuva image : kuva-
kuvat les images
kuvassa dans l’image
kuvissa dans les images
La voyelle finale ä tombe devant le i du pluriel :
kylä village : kylä-
kylät les villages
kylässä dans le village
kylissä dans les villages
seinä mur : seinä-
seinät les murs
seinällä sur le mur
seinillä sur les murs
1.1.1.2. Mots se terminant par la voyelle "i"
Les mots qui se terminent par la voyelle i sont de trois types : 1) les mots d’emprunts, 2) les mots fenniques, 3) les mots se terminant par si.
Les mots d’emprunt ont un radical régulier en i au singulier. Cette voyelle passe à e devant le i du pluriel :
rooli rôle : rooli-
roolit les rôles
roolissa dans le rôle
rooleissa dans les rôles
taksi taxi : taksi-
taksit les taxis
taksissa dans le taxi
takseissa dans les taxis
Autres mots d’emprunt sur le même modèle : lasi verre, merkki signe, tuoli chaise, paperi papier...
Les mots fenniques se terminant par un i ont un radical en e. Cette voyelle finale tombe devant le i du pluriel :
kieli langue : kiele-
kielet les langues
kielessä dans le langue
kielissä dans les langues
järvi lac : järve-
järvet les lacs
järvessä dans le lac
järvissä dans les lacs
Autres mots sur le même modèle : ovi porte, nimi nom, lehti feuille, talvi hiver....
Les mots qui se terminent par un si ont un radical en de. Devant le i du pluriel la voyelle thématique e tombe comme dans le type précédent et la consonne d passe à s (comme dans la forme du nominatif singulier) :
vesi eau : vede-
vedet les eaux
vedessä dans l’eau
vesissä dans les eaux
käsi main : käde-
kädet les mains
kädessä dans la main
käsissä dans les mains
Autres mots sur le même modèle : viisi cinq, vuosi an, uusi nouveau...
1.1.2. Le morphème de pluriel
Le pluriel des noms et des adjectifs est marqué de manière différente selon le cas morphologique utilisé. Au nominatif, la marque du pluriel est t, i avec tous les autres cas. On ne peut rien ajouter au t du nominatif pluriel, alors que le pluriel en i est toujours suivi d’un suffixe casuel.
sana mot : sanat les mots
sanoissa dans les/des mots
sanoina en tant que mots (essif)
sanoja des mots (partitif)
sanojen des mots (génitif)
Lorsque la voyelle i du pluriel se retrouve entre deux voyelles - comme dans les deux derniers exemples - elle se transforme en une semi-consonne j.
Une autre propriété importante oppose les deux formes du pluriel : le nominatif pluriel implique toujours une interprétation définie alors que la forme en i n’implique pas cette interprétation restrictif. Un nom pluriel à un cas oblique (autre que le nominatif) peut être traduit au moyen d’un article défini ou indéfini. Dans la langue, l’interprétation défini ou indéfini est déterminée par le contexte :
lato grange : | ladot les granges | ladoissa dans les/des granges |
kieli langue : | kielet les langues | kielissä dans les/des langues |
sana mot : | sanat les mots | sanoissa dans les/des mots |
päivä jour : | päivät les jours | päivissä dans les/des jours |
L’interprétation exclusivement défini ne se rencontre qu’avec les noms au nominatif pluriel. Dans tous les autres cas, au singulier comme au pluriel, la traduction des exemples devrait se faire systématiquement au moyen du couple article défini/article indéfini toutes les fois que la langue française impose l’article, afin de montrer le caractère neutre de l’absence de déterminant en finnois.
katu rue : kadut les rues
katu la/une rue
kadulla dans la/une rue
kaduilla dans les/des rues
kadutta sans rue
kaduitta sans rues
Par commodité, on continuera à utiliser le défini pour la traduction des exemples lorsqu’il est nécessaire de mettre un article en français.
1.1.3. Les cas morphologiques
Le finnois compte 14 cas morphologiques {nominatif, génitif, partitif, essif, translatif, inessif, élatif, illatif, adessif, ablatif, ablatif, abessif, instructif, comitatif}. Le tableau suivant donne la liste des suffixes casuels pour le nom talo maison.
Noms, adjectifs et postpositions | |||
---|---|---|---|
Cas | Suffixe(s) | singulier | pluriel |
nominatif | -ø | talo | talot |
génitif | -n | talon | talojen |
partitif | -(t)A | taloa | taloja |
essif | -nA | talona | taloina |
translatif | -ksi | taloksi | taloiksi |
inessif | -ssA | talossa | taloissa |
élatif | -stA | talosta | taloista |
illatif | -Vn/-hin | taloon | taloihin |
adessif | -llA | talolla | taloilla |
ablatif | -ltA | talolta | taloilta |
allatif | -lle | talolle | taloille |
abessif | -ttA | talotta | taloitta |
instructif | -n | taloin | |
comitatif | -ne | taloine (+POSS) |
Les suffixes d’instructif et de comitatif sont formés au moyen de la marque du pluriel. Il n’y a donc pas de distinction entre singulier et pluriel avec ces deux cas. Le suffixe de comitatif présente la particularité supplémentaire d’être nécessairement suivie d’une désinence possessive lorsque ce suffixe est adjoint à un nom (voir plus loin **).
Les pronoms personnels n’ont pas exactement le même système casuel. Contrairement aux noms, les pronoms personnels (humains) ont un suffixe d’accusatif (cas de l’objet). Les noms n’ont pas de marque spécifique pour le cas accusatif (cas de l’objet) ; les noms objet sont au nominatif ou au génitif (voir plus loin **), tandis que les pronoms personnels ont un suffixe spécifique pour cette fonction grammaticale. Par ailleurs, l’instructif et le comitatif sont inusités avec les pronoms personnels. Le tableau des cas pour le pronom de première personne du singulier (minä) et du pluriel (me) est le suivant :
Pronoms personnels | |||
---|---|---|---|
Cas | Suffixe (s) | singulier | pluriel |
nominatif | -ø | minä | me |
accusatif | -t | minut | meidät |
génitif | -n | minun | meidän |
partitif | -(t)A | minua | meitä |
essif | -nA | minuna | meinä |
translatif | -ksi | minuksi | meiki |
inessif | -ssA | minussa | meissä |
élatif | -stA | minusta | meistä |
illatif | -Vn/-hin | minuun | meihin |
adessif | -llA | minulla | meillä |
ablatif | -ltA | minulta | meiltä |
allatif | -lle | minulle | meille |
abessif | -ttA | minutta | meittä |
Les cas morphologiques forment un système qui autorise un regroupement en trois sous-ensembles : 1) les cas grammaticaux, 2) les cas locatifs et 3) les cas adverbiaux.
Les cas grammaticaux {nominatif, accusatif (pour les pronoms uniquement), génitif, partitif, essif, translatif} servent à signaler des fonctions grammaticales telles que sujet, complément, attribut...
Les cas locatifs {inessif, illatif, élatif, adessif, allatif, ablatif} servent à introduire des relations de dépendance syntaxique ou sémantique de nature spatiale ou temporelle. L’essif, le translatif et le partitif peuvent également avoir un emploi locatif dans des constructions figées (ce qui montre au passage que le regroupement des cas peut se faire avec chevauchement). Si la traduction des noms augmentés d’un cas locatif fait appel à une préposition, l’emploi d’une préposition dans une traduction ne permet pas pour autant de saisir systématiquement la signification du suffixe de cas locatif. Les exemples suivants montrent que là où le français utilise une même préposition, on trouve en finnois deux cas locatifs distincts (le détail du système des cas locatifs est présenté en 1.1.3.2) :
Pekka on Suomessa
Pekka est en Finlande
Pekka = prénom
on = être+PRESENT+3SG
Suomessa = Finlande (Suomi)+INE
Pekka menee Suomeen
Pekka va en Finlande
Pekka = prénom
menee = aller+PRESENT+3SG
Suomeen = Finlande (Suomi)+ILL
Dans le premier exemple, Suomi est à l’inessif (-ssA), tandis qu’il est à illatif (-Vn) dans le second exemple.
Pekka tulee kadulta katu = rue
Pekka vient de la rue
Pekka = prénom
tulee = venir+PRESENT+3SG
katu = rue+ABL
Pekka tulee saunasta sauna = sauna
Pekka vient du sauna
Pekka = prénom
tulee = venir+PRESENT+3SG
Pekka = sauna+ELA
Dans le premier exemple, katu rue est à l’ablatif (-ltA), tandis que talo maison est à l’élatif (-stA) dans le second exemple.
Les cas adverbiaux sont assez rares dans la langue. On leur préfère aujourd’hui les adpositions (prépositions ou postpositions). Les traductions en français se font au moyen de prépositions pour lesquelles la relation avec les suffixes casuels du finnois repose sur une signification stable et concrète. L’abessif, par exemple, exprime uniquement l’absence et la traduction du nom augmenté de l’abessif se fera avec la préposition sans :
Pekka tulee kengittä kenkä = chaussure
Pekka vient sans chaussures
Pekka = prénom
tulee = venir+PRESENT+3SG
kenkä = chaussure
Le tableau suivant propose une mise en forme des trois groupes casuels avec un chevauchement entre les cas locatifs et les cas grammaticaux :
Cas externes | Cas internes | ||
Cas locatifs | adessif allatif ablatif |
inessif illatif élatif |
essif translatif partitif |
nominatif | |||
Cas adverbiaux | abessif instructif comitatif |
(accusatif) génitif |
|
Cas grammaticaux |
1.1.3.1. Les cas grammaticaux
Les cas grammaticaux servent à marquer morphologiquement les fonctions syntaxiques de sujet, de complément, d'attribut et d'apposition.
Le génitif est le cas du complément de nom dans le syntagme nominal. Le complément de nom au génitif se place devant le nom tête du syntagme nominal :
Pekan talo
la maison de Pekka
Pekka = prénom
talo = maison
Suomen kartta
la carte de la Finlande
Suomi = Finlande+GEN
kartta = carte
Opiskelijan veli
Le frère de l’étudiant
opiskelija = étudiant(e)+GEN
veli = frère
talon rakentaminen
La construction de la maison
talo= maison+GEN
rakentaminen = construction
Le partitif est le cas des noms lorsqu’ils sont employés de façon indéfinie ; pour les noms comptables, le partitif pluriel signifie un certain nombre, tandis que pour les noms non comptables, le partitif singulier signifie une certaine quantité de :
noms comptables :
taloja des maisons, talo = maison+PL+PART
saunoja des saunas, sauna = sauna+PL+PART
omenoita des pommes, omena = pomme+PL+PART
päiviä des jours, päivä = jour+PL+PART
noms non comptables :
vettä de l’eau, vesi = eau+PL+PART
olutta de la bière, olut = bière+PL+PART
voita du beurre, voi = beurre+PL+PART
savua de la fumée, savu = fumée+PL+PART
Un nom précédé d’un quantificateur numéral ou autre est toujours au partitif singulier. Cette singularité s’explique très facilement dès lors qu’on observe que les noms de nombre sont des mots invariables (donc au singulier) et que le complément du numéral s’accorde en nombre avec le numéral. Ce dernier étant un mot au singulier, l’accord implique par conséquent un singulier :
kaksi kirjaa deux livres
kaksi = deux
kirja = livre+PART
viisi opiskelijaa cinq étudiants
viisi = cinq
opiskelija = étudiant(e)+PART
kaksi kirjaa deux livres
kaksi = deux
kirja = livre+PART
lasi viiniä un verre de vin
lasi = verre
viini = vin+PART
Le complément d’objet d’une phrase négatif est toujours au partitif singulier ou pluriel (à comparer avec l’emploi de l’article partitif de en français), même lorsqu’il s’agit d’un pronom personnel :
Pekka ei juo olutta
Pekka ne boit pas de bière
Pekka = prénom
ei = négation+3SG
juo = boire
olut = bière+PART
Pekka ei lue sanomalehtiä
Pekka ne lit pas de journaux
Pekka = prénom
ei = négation+3SG
lue = lire
sanomalehti = journal+PART
Pekka ei näe minua
Pekka ne me voit pas
Pekka = prénom
ei = négation
näe = voir
mina/minu- = moi+PART
Les pronoms personnels objet sont à l’accusatif (forme spécifique) :
Pekka näkee minut
Pekka me voit
Pekka = prénom
näkee = voir+PRÉSENT
minä/minu- = moi+ACC
Pekka tuntee meidät
Pekka nous connaît
Pekka = prénom
untee = connaître+PRÉSENT
me/meidä- = nous+ACC
Les trois cas grammaticaux nominatif, génitif et partitif se distribuent sur les deux fonctions syntaxiques sujet et objet. Un sujet peut être au nominatif, au génitif ou au partitif. De même, un objet peut être au nominatif, au génitif ou au partitif.
1.1.3.1.1. Le cas du sujet
Les trois exemples suivants illustrent les trois cas grammaticaux disponibles pour le sujet :
SUJET = | nominatif | Opiskelija lukee L’étudiant(e) lit | |
génitif | Sanon opiskelijan tulleen eilen Je dis que l’étudiant(e) est venu(e) hier | ||
partitif | Opiskelijoita tulee Des étudiant(e)s viennent |
Un sujet est au nominatif dans une phrase simple et indépendante.
Un sujet est au génitif dans une proposition subordonnée participiale. Dans l’exemple précédent le sujet du participe tulleen est venu(e) est au génitif et la construction participiale se caractérise par l’absence de conjonction de subordination.
Un sujet est au partitif dans une phrase existentielle lorsqu’il est indéfini (voir en 2.1.3). Dans une phrase transitive un sujet indéfini au partitif est impossible. L’interprétation indéfini est alors prise en compte par un déterminant indéfini.
1.1.3.1.2. Le cas de l’objet
Les trois exemples suivants illustrent les trois cas grammaticaux disponibles pour l’objet :
OBJET = | nominatif | Lue kirja lis le livre | |
génitif | Opiskelija luki kirjan L’étudiant(e) a lu le livre | ||
partitif | Opiskelija lukee kirjaa L’étudiant(e) lit le livre |
L’objet d’un verbe est au nominatif à l’impératif.
Un objet est au génitif, lorsque l’objet s’interprète comme étant entièrement affecté par le procès décrit par le verbe. Dans l’exemple précédent luki kirjan a lu le livre, l’emploi du temps prétérit en association avec l’objet génitif indique que l’action est terminée et que le livre a été lu dans sa totalité.
Un objet est au partitif lorsqu’il n’est concerné qu’en partie par le procès du verbe. Dans l’exemple précédent, lukee kirjaa lit le livre, le temps présent avec l’objet partitif montre que le procès est en cours de réalisation et que, par conséquent, la lecture du livre n’est pas terminée. Seule une partie du livre s’inscrit dans le cadre de l’action décrite par le verbe. Les deux exemples suivants apportent un éclairage supplémentaire sur cette différence en faisant jouer la distinction entre objet défini et objet indéfini dans la traduction française. A nouveau, il s’agit d’une différence entre partie et tout :
Pekka joi oluen
Pekka a bu la bière
Pekka = prénom
joi = a bu (boire+PRET+3SG)
olut = bière+GEN
Pekka joi olutta
Pekka a bu de la bière
Pekka = prénom
joi = a bu (boire+PRET+3SG)
olut = bière+PART
1.1.3.2. Les cas locatifs
Les cas locatifs au sens étroit ou au sens large (au sens large, il convient d’ajouter aux six cas locatifs, les trois cas grammaticaux - partitif, essif et translatif - qui peuvent avoir également une valeur spatiale et temporelle dans des constructions particulières) ont à la fois des emplois concrets à signification simple (localisation) et des emplois plus abstraits. Dans cette présentation, nous nous intéresserons qu’aux valeurs spatiales des cas locatifs (on trouvera des exemples d’emplois temporels et autres dans une des grammaires de référence proposées dans la bibliographie).
Les six cas locatifs {inessif, élatif, illatif, adessif, ablatif, ablatif} forment un système particulièrement cohérent sans équivalent en français. Le finnois fait des distinctions dans l’emploi des cas locatifs que l’on ne retrouve pas dans les prépositions du français. Ces six cas s’organisent sur deux plans : le plan de la position et le plan de la direction :
INTERNE | EXTERNE | ||
STATIQUE |
-ssA (inessif) |
-llA (adessif) |
|
DYNAMIQUE | origine |
-stA (élatif) |
-ltA (ablatif) |
destination |
-Vn (illatif) |
-lle (allatif) |
La position permet de regrouper les six cas en deux ensembles cohérents : les cas internes {inessif, élatif, illatif} et les cas externes {adessif, ablatif, allatif}.
La direction permet de regrouper les six cas en deux ensembles cohérents : les cas statiques (pas de mouvement) {inessif et adessif} et les cas dynamiques (expression d’un mouvement) {élatif, ablatif, illatif, allatif}. Les cas dynamiques se divisent en deux selon l’orientation du mouvement : éloignement {élatif et ablatif} et rapprochement {illatif et allatif}.
Pour expliciter le fonctionnement de ce système casuel, le mieux est de faire appel à la notion de cible et de site. Les cas locatifs, de même que les prépositions de lieu, expriment un rapport spatial entre deux choses : une cible et un site. La cible est la personne ou l’objet - pour rester dans le domaine du concret - dont on veut établir une relation avec un espace (le site). Dans les deux exemples suivants, Pekka est la cible (ce dont on précise la localisation), et, par ailleurs, la cible est dans un cas la cuisine, et dans l’autre la rue :
Pekka on keittiössä (inessif)
Pekka est dans la salle
Pekka = prénom
on = est (être+PRES+3SG)
keittiö = cuisine+INE
Pekka on kadulla (adessif)
Pekka est dans la rue
Pekka = prénom
on = est (être+PRES+3SG)
katu = rue+ALL
Dans les deux exemples précédents, la traduction fait appel à la même préposition dans pour exprimer les deux rapports spatiaux. Pour tout rapport spatial, il convient en finnois d’évaluer la nature de la relation en terme de position et de direction.
1.1.3.2.1. La position
La position est déterminée par la relation entre la cible et le site.
Si la relation entre la cible et le site est une relation d’inclusion - le site représente un espace fermé - alors le cas locatif est un cas interne (comme dans l’exemple Pekka on keittiössä Pekka est dans la cuisine). Par ailleurs la relation entre les deux étant de nature statique - pas de mouvement - le cas locatif est par conséquent l’inessif.
Si la relation entre la cible et le site est une relation de surface, de contact, de proximité - le site représente alors un espace ouvert avec ou sans contact avec la cible - le cas locatif est un cas externe (comme dans l’exemple Pekka on kadulla Pekka est dans la rue). Par ailleurs, la relation entre les deux étant de nature statique - pas de mouvement - le cas locatif est par conséquent l’adessif.
1.1.3.2.2. La direction
Considérons maintenant les trois exemples suivants (variation de direction) :
Pekka on keittiössä (inessif)
Pekka est dans la salle
Pekka = prénom
on = est (être+PRES+3SG)
keittiö = cuisine+INE
Pekka tulee keittiöstä (élatif)
Pekka vient de la cuisine
Pekka = prénom
tulee = venir+PRES+3SG)
keittiöstä = cuisine+ELA
Pekka menee keittiöön (illatif)
Pekka va dans la cuisine
Pekka = prénom
menee = aller+PRES+3SG)
keittiöstä = cuisine+ILL
Pour tous les compléments du verbe, la direction est déterminée par le verbe.
Si le verbe décrit un rapport spatial statique, il s’agit de l’inessif ou de l’adessif. Le choix entre ces deux derniers cas est fixé par la position de la cible relativement au site. Dans l’exemple Pekka on keittiössä Pekka est dans la cuisine, le rapport entre la cible et le site étant de nature inclusive, on a un cas interne statique : l’inessif.
Si le verbe décrit un mouvement qui correspond à l’abandon ou à l’éloignement d’une position, on a l’élatif ou l’ablatif. Le choix entre ces deux derniers cas est fixé par la position relative de la cible et du site. Dans l’exemple Pekka tulee keittiöstä Pekka vient de la cuisine, le rapport entre la cible et le site étant de nature inclusive, le site présente un cas interne dynamique qui signale un mouvement d’abandon du site (élatif).
Si le verbe décrit un mouvement qui correspond à la prise de position ou au rapprochement de la cible et du site, on a l’illatif ou l’allatif. Le choix entre ces deux derniers cas est fixé par la position de la cible relativement au site. Dans l’exemple Pekka menee keittiöön Pekka va dans la cuisine, le rapport entre la cible et le site étant de nature inclusive, le site présente un cas interne dynamique qui signale un mouvement de prise de position du site (illatif).
Dans les exemples suivants, le raisonnement sur la direction est le même que précédemment, mais il s’agit cette fois d’une relation entre cible et site qui repose sur les cas externes. La premiere série met en jeu une relation de surface, et la seconde série, une relation de contiguïté.
relation de surface :
Kissa on katolla (adessif)
Le chat est sur le toit
kissa = chat
on = est (être+PRES+3SG)
katto = toit+ADE
Kissa tulee katolta (ablatif)
Le chat vient du toit
kissa = chat
tulee = venir+PRES+3SG
katto = toit+ABL
Kissa menee katolle (allatif)
Le chat va sur le toit
kissa = chat
on = est+PRES+3SG
katto = toit+ALL
relation de contiguïté :
Kissa on kadulla (adessif)
Le chat est dans la rue
kissa = chat
on = est+PRES+3SG
katu = rue+ADE
Kissa tulee kadulta (ablatif)
Le chat vient de la rue
kissa = chat
on = est+PRES+3SG
katu = rue+ABL
Kissa menee kadulle (allatif)
Le chat va dans la rue
kissa = chat
menee = aller+PRES+3SG
katto = toit+ALL
Le tableau suivant récapitule schématiquement les différentes situations en fonction de la position et de la direction :
|
Cas internes |
|
Cas externes |
---|---|---|---|
inessif | adessif | ||
élatif | ablatif | ||
illatif | allatif |
Dans ce schéma, le point noir représente la cible et le carré ou rectangle blanc, le site. Avec les cas internes, le rapport site-cible est un rapport d’inclusion : la cible est contenu dans le site. Avec les cas externes, la cible est sur le site ou contigu au site. Les flèches expriment le mouvement : absence de mouvement avec les cas statiques, et mouvement avec les cas dynamiques. Avec l’élatif et l’ablatif, il s’agit d’un mouvement d’éloignement ; la cible quitte ou s’éloigne du site. Avec l’illatif et l’allatif, il s’agit d’un mouvement de rapprochement ; la cible pénètre ou s’approche du site.
1.1.4. Les désinences personnelles du nom
Les noms peuvent recevoir une désinence personnelle qu’on appelle également désinence possessive. Par simplification, on adoptera cette terminologie afin de les distinguer des désinences personnelles du verbe, mais l’emploi du terme possessif est abusif, car, au sens stricte, la possession n’est qu’un des emplois de ces marques personnelles. Les désinences possessives sont les suivantes :
Singulier | Pluriel | |
---|---|---|
1 | -ni | -mme |
2 | -si | -nne |
3 | -nsA/-Vn |
Les désinences possessives bloquent l’alternance consonantique. Bien que les désinences de 1ère et 2e personnes du pluriel aient une structure syllabique susceptible de fermer la syllabe finale du nom auquel est ajouté la désinence, aucune alternance consonantique n’est possible :
katumme = notre/nos rue(s)
pukunne = votre/vos tenue(s)
À comparer avec :
kadut = les rues
puvut = les tenues
La désinence de troisième personne est neutre quant à la distinction entre le singulier et le pluriel. Si l’on s’en tient uniquement au nom augmenté de la désinence de troisième personne, il y a ambiguïté quant au nombre de la personne :
taloissansa = dans ses/leurs maisons
La présence d’une désinence de personne au nominatif - et uniquement au nominatif - ne permet pas l’expression du pluriel. Le suffixe de pluriel -t est incompatible avec une quelconque désinence possessive. Dans les exemples suivants comportant une désinence de 1ère ou de 2ème personne, le nom est singulier ou pluriel. Hors contexte, aucun indice ne permet de distinguer le singulier du pluriel :
taloni = ma/mes maison(s)
talosi = sa/ses maison(s)
talomme = notre/nos maison(s)
talonne = votre/vos maison(s)
La combinaison des deux observations précédentes conduit à une double ambiguïté pour la désinence de troisième personne : ambiguïté sur le nombre de la personne (3e personne du singulier ou du pluriel) et ambiguïté sur le nombre du nom :
talonsa = sa/ses/leur/leurs maison(s)
La désinence de troisième personne admet deux formes ; le première -nsA est la seule forme possible au nominatif, tandis que la seconde -Vn est une variante (plus fréquente) de la première pour les cas obliques.
Note : V = voyelle quelconque dont le timbre est fixé par la voyelle finale du mot.
talonsa = sa/ses/leur/leurs maison(s)
talossansa ou talossaan = dans sa/leur maison
taloissansa ou taloissaan = dans ses/leurs maisons
siskollensa ou siskolleen = pour sa/leur sœur
siskoillensa ou siskoilleen = pour ses/leurs sœurs
Une désinence possessive suffixée à un nom ne forme pas avec ce dernier une expression complète. L’expression de la personne met en jeu un constituant discontinu formé d’un pronom personnel génitif et d’une désinence possessive qui s’accorde avec ce pronom génitif. La forme adéquate du possessif de première personne est par conséquent la séquence minun....-ni. Comme le montre le tableau suivant, le pronom personnel génitif est facultatif (placé entre parenthèses) :
(Pronom+GÉNITIF) N°+CAS+PER | |
---|---|
(minun) talossani | dans ma maison |
(sinun) talossasi | dans ta maison |
(hänen) talossansa | dans sa maison |
(meidän) talossamme | dans notre maison |
(teidän) talossanne | dans votre maison |
(heidän) talossansa | dans leur maison |
Avant de voir le fonctionnement des désinences possessives au regard du pronom génitif avec lequel elles s’accorde, il convient de souligner le parallélisme étroit entre les désinences personnelles du nom et les désinences personnelles du verbe. Le tableau précédent est à comparer avec celui de la conjugaison d’un verbe (il s’agit du verbe puhu- parler au prétérit). Qu’il s’agisse d’un nom ou d’un verbe, les désinences personnelles s’accordent avec un pronom personnel facultatif:
(Pronom) V°+TPS+PER | |
---|---|
(minä) puhuin | j’ai parlé |
(sinä) puhuit | tu as parlé |
(hän) puhui | il/elle a parlé |
(me) puhuimme | nous avons parlé |
(te) puhuitte | vous avez parlé |
(he) puhuivat | ils/elles ont parlé |
Aux première et deuxième personnes du singulier comme du pluriel, le pronom sujet n’est utilisé en association avec la désinence possessive que si l’on souhaite insister sur la personne ou marquer un contraste lorsque la personne du sujet n’est pas la même :
Personne du possesseur identique au sujet de la phrase :
(Sinä) otit kirjasi
Tu as pris ton livre
sinä = tu
otit = prendre+PRET+2SG
kirja = livre+2SG
Personne du possesseur différente du sujet de la phrase :
(Sinä) otit kirjani
Tu as pris mon livre
sinä = tu
otit = prendre+PRET+2SG
kirjani = livre+1SG
OU
(Sinä) otit minun kirjani
Tu as pris mon livre
sinä = tu
otit = prendre+PRET+2SG
minun = 1SG+GEN
kirjani = livre+1SG
A la troisième personne, les choses se présentent autrement ; le pronom génitif est obligatoirement absent lorsque la personne du possesseur renvoie au sujet de la phrase, et obligatoirement présent lorsque la personne du possesseur n’est pas la même que le sujet. À noter :le pronom sujet de troisième personne est aussi obligatoire dans une phrase simple (pas de parenthèses) :
Hän otti kirjansa
Il/elle a pris son livre
hän = il/elle
otti = prendre+PRET+3SG
kirja = livre+3
Hän otti hänen kirjansa
Il/elle a pris son livre
hän = il/elle
otti = prendre+PRET+3SG
hänen = 3SG+GEN
kirja = livre+3
Point important : la traduction française ne permet pas de rendre compte de la différence d’interprétation entre les deux phrases. Cela tient au fait que l’adjectif possessif du français son est ambigu dans cette phrase. Dans la première phrase, l’absence de pronom génitif signale que la personne du possesseur est la même que celle du sujet de la phrase. Une traduction plus adéquate de Hän otti kirjansa serait il/elle a pris son propre livre. Dans la seconde phrase, la présence du pronom génitif implique qu’il s’agit nécessairement d’une personne différente de celle représentée par le pronom sujet. Pour être explicite, il conviendrait d’associer à la traduction de la phrase Hän otti hänen kirjansa il/elle a pris son livrel’information son livre = le livre de quelqu’un d’autre.
Étant donné le renvoi à la personne du sujet, l’ambiguïté quant au nombre de la 3e personne est levée par le contexte syntaxique. De même, la présence d’un pronom génitif permet de distinguer le singulier du pluriel. On a donc les deux cas de figure suivant :
hän................kirjansa = son/ses livre(s)
he..................kirjansa = leur/leurs livre(s)
hänen kirjansa = son/ses livre(s)
heidän kirjansa = leur/leurs livre(s)
Quant à l’ambiguïté du nombre du nom, elle disparaît aux cas obliques, ne laissant plus aucune ambiguïté dans l’emploi des désinences de 3e personne :
hän................kirjassansa = dans son livre
he.... .......kirjassansa = dans leur livre
Hän.........kirjoissansa = dans ses livres
he.... ....kirjoissansa = dans leurs livres
hänen kirjassansa = dans son livre
heidän kirjassansa = dans leur livre
hänen kirjoissansa = dans ses livres
heidän kirjoissansa = dans leurs livres
Faire les exercices 9, 10, 11 et 12
1.2. Morphologie du verbe
La structure d’une forme verbale est la suivante (les classes de morphèmes placées entre parenthèses sont facultatives) :
V°+(DER)+(PASS)+TPS+PER+(PTC)
V° = radical verbal
DER = morphème dérivationnel
PASS = passif
TPS = temps
PER = personne
PTC = particule
Exemples à partir de laitta- préparer :
laittautu-= laitta+UtU (V°+DER)
se préparer
laittauduin = laitta+UtU+i+n (V°+DER+PRÉT+1SG)
je me suis préparé(e)
laittauduinko ? = laitta+UtU+i+n+kO (V°+DER+PRÉT+1SG+PTC)
me suis-je préparé(e) ?
La particule -kO marque l’interrogation.
Une forme verbale est pour le moins spécifiée pour le temps et la personne. Le morphème zéro de la catégorie du temps est le présent, et dans la catégorie de la personne, le morphème zéro représente la troisième personne du singulier.
puhun = puhu+ø+n je parle
puhuin = puhu+i+n j’ai parlé
puhuin = puhu+i+n j’ai parlé
puhui = puhu+i+ø il/elle a parlé
1.2.1. Le temps
Deux temps seulement : le présent et le prétérit. Le présent est représenté par le morphème zéro tandis que le prétérit est réalisé sous la forme du suffixe -i :
Présent puhu- parler | |||
---|---|---|---|
1SG | (minä) | puhun | je parle |
2SG | (sinä) | puhut | tu parles |
3sG | hän | puhuu | il/elle parle |
1PL | (me) | puhumme | nous parlons |
2PL | (te) | puhutte | vous parlez |
3PL | he | puhuvat | ils/elles parlent |
Prétérit puhu- parler | |||
---|---|---|---|
1SG | (minä) | puhuin | je parle |
2SG | (sinä) | puhuit | tu parles |
3sG | hän | puhui | il/elle parle |
1PL | (me) | puhuimme | nous parlons |
2PL | (te) | puhuitte | vous parlez |
3PL | he | puhuivat | ils/elles parlent |
Pour exprimer une action future, le finnois utilise deux stratégies différentes et complémentaires ; soit utiliser un mot approprié, soit utiliser un objet génitif pour les verbes transitifs :
mot approprié
Pekka tulee huomenna
Pekka vient/viendra demain
Pekka = prénom
tulee = venir+PRET+3SG
huomenna = demain
On remarquera au passage que le français peut également utiliser le présent dans le contexte d’un mot approprié comme demain.
objet génitif
Comparons les deux phases suivantes :
Pekka lukee kirjaa.
Pekka lit le livre.
Pekka = prénom
lukee = lire+PRES+2SG
kirja = livre+PART
Pekka lukee kirjan.
Pekka lira le livre.
Pekka = prénom
lukee = lire+PRES+2SG
kirja = livre+GEN
Dans la première phase, le temps présent est employé avec un objet partitif dont on sait qu’il s’interprète comme étant partiellement affecté par l’action décrite par le verbe. Dans la seconde phrase, le temps présent employé avec un objet génitif implique que l’objet est envisagé dans sa totalité. Il ne peut donc pas s’agir d’une action présente, car l’action de lire ne peut pas englober la totalité de l’objet à l’instant même où l’on parle. Cet emploi correspond donc à une valeur de futur.
1.2.2. Les désinences personnelles du verbe
Les suffixes de personne des formes verbales sont les suivants :
Singulier | Pluriel | |
---|---|---|
1 | -n | -mme |
2 | -t | -tte |
3 | - | -vAt |
Aux deux premières personnes du singulier comme du pluriel, le pronom sujet est facultatif. Le suffixe de personne, différent pour chaque personne dans la conjugaison des verbes, suffit à identifier la personne du sujet :
(minä) puhun je parle
(sinä) puhut tu parles
(me) puhumme nous parlons
(te) puhutte vous parlez
A la troisième personne du singulier comme du pluriel, le pronom sujet est obligatoire :
hän puhuu Il/elle parle
he puhuvat ils/elles parlent
L’absence de pronom sujet de troisième personne confère une interprétation générique à la phrase :
sen arvaa
(lit : cela devine)
On le devine / Ça se devine
Dans cette phrase, le pronom génitif sen cela est un objet, et l’absence de pronom sujet explicite invite à interpréter ce dernier comme un sujet générique équivalent au pronom français on lorsqu’il est entendu dans le sens qui que ce soit.
Le morphème de troisième personne du singulier a deux formes :-V (= allongement de la voyelle finale) au présent, et -ø au prétérit :
Présent | Prétérit | |
---|---|---|
puhu- parler |
puhuu il/elle parle |
puhui il/elle a parlé |
sano- dire |
sanoo il/elle parle |
sanoi il/elle a parlé |
nukku- dire |
nukkuu il/elle dort |
nukkui il/elle a dormi |
tanssi- danser |
tanssii il/elle danse |
tanssi il/elle a dansé |
Si le radical du verbe se termine par une voyelle longue ou une diphtongue, il ne peut pas y avoir d’allongement de la voyelle. La troisième personne du singulier est alors représentée par le suffixe zéro :
Présent | |
---|---|
saa obtenir |
hän saa il/elle obtient |
tapaa rencontrer |
hän tapaa il/elle rencontre |
juo- boire |
hän juo il/elle boit |
syö- manger |
hän syö il/elle mange |
Faire les exercices 13, 14 et 15
2. Syntaxe
2.1. Les phrases simples
Les phrases simples - phrases ne contenant aucune proposition subordonnée - se répartissent en plusieurs types:
Les phrases transitives
Les phrases intransitives
Les phrases attributives (non traitées)
Les phrases existentielles
Les phrases impersonnelles (non traitées)
Les phrases causatives (non traitées)
Les phrases passives (non traitées)
2.1.1. Les phrases transitives
L’objet d’une phrase transitive est marqué par un cas morphologique qui peut être, 1) un accusatif (pour les pronoms personnels humains uniquement), 2) un nom au nominatif pluriel, 3) un nom ou un pronom au génitif singulier, 4) un nom au nominatif singulier, et 5) un nom ou un pronom au partitif.
L’objet d’une phrase transitive est à l’accusatif lorsque cet objet est un pronom personnel (humain) :
Pekka näkee minut
Pekka me voit
Pekka = prénom
näkee = voir+PRES+3SG
minut = 1SG+ACC
mais cet objet est au partitif dans une phrase négative :
Pekka ei näe minua
Pekka ne me voit pas
Pekka = prénom
ei = négation+3SG
näe = voir+PRES
minua = 1SG+PART
Un objet nominal pluriel est au nominatif lorsqu’il est défini :
Pekka näki filmit
Pekka a vu les films
Pekka = prénom
näki = voir+PRET+3SG
filmi = film+PL
Un objet nominal singulier est au génitif lorsqu’il est défini, qu’il s’agisse d’un nom ou d’un pronom non-humain :
Pekka näki filmin
Pekka a vu le film
Pekka = prénom
näki = voir+PRET+3SG
filmi = film+GEN
Pekka näki sen
Pekka l’a vu(e)
Pekka = prénom
näki = voir+PRET+3SG
sen = le/la (non humain)+GEN
Un objet nominal singulier est au nominatif lorsqu’il est défini et qu'il appartient à une phrase impérative ou passive :
katso filmi
Regarde le film
katso = regarder+IMP+2SG
filmi = film
auto ostettiin eilen
on a acheté la voiture hier
auto = voiture
ostettiin = acheter+PASS+PRET+3
eilen = hier
Un objet est au partitif: 1) lorsqu’il n’est pas entièrement affecté par le procès décrit par le verbe, 2) lorsqu’il représente une quantité indéterminée, 3) lorsqu’il représente une part indéterminée d’un objet massif (noms non comptables) :
Pekka katsoo filmiä
Pekka regarde le film
Pekka = prénom
katsoo = regarder+PRES+3SG
filmi = film+PART
Pekka ostaa sanomalehtiä
Pekka achète des journaux
Pekka = prénom
ostaa = acheter+PRES+3SG
sanomalehtiä = journal+PL+PART
Pekka juo olutta
Pekka boit de la bière
Pekka = prénom
juo = boire+PRES+3SG
olut = bière+PART
Un objet est au toujours au partitif dans une phrase négative :
Pekka ei nähnyt filmejä
Pekka n’a pas vu les films
Pekka = prénom
ei = négation+3SG
näe = voir+P/PAS
filmejä = film+PL+PART
Pekka ei nähnyt filmiä
Pekka n’a pas vu le film
Pekka = prénom
ei = négation+3SG
nähnyt = voir+P/PAS
filmiä = film+PART
Pekka ei nähnyt sitä
Pekka ne l’a pas vu(e)
Pekka = prénom
ei = négation+3SG
nähnyt = voir+P/PAS
sitä = se+PART le/la (non humain)
Le sujet d’une phase transitive est au nominatif et s’accorde en nombre avec le verbe. Si le sujet est un pronom, l’accord se fait en personne et en nombre.
Suvi katsoo televisiota
Suvi regarde la télévision
Suvi = prénom
katsoo = regarder+PRES+3SG
televisiota = télévision +PART
Hän katsoo televisiota
Il/elle regarde la télévision
Hän = il/elle
katsoo = regarder+PRES+3SG
televisiota = télévision +PART
He katsovat televisiota
Ils/elles regardent la télévision
He = ils/elles
katsovat = regarder+PRES+3PL
televisiota = télévision +PART
(Minä) katson televisiota
Je regarde la télévision
Minä = je
katson = regarder+PRES+1SG
televisiota = télévision+PART
(Te) katsotte televisiota
Vous regardez la télévision
Te = vous
katsotte = regarder+PRES+2PL
televisiota = télévision+PART
Le sujet pronominal de première ou de deuxième personne est facultatif. Les désinences personnelles du verbe étant suffisamment explicites quant aux indications de personne et de nombre, la présence d’un pronom sujet introduit une part de redondance dans la phrase.
Certains verbes transitifs ont également un complément locatif dont le cas morphologique est en partie déterminé par le verbe et en partie par le type de rapport entre la cible et le site. Dans l’exemple suivant, le verbe pane- mettre induit un mouvement de rapprochement entre la cible (l’objet) et le site (le locatif). Selon le système des cas locatifs présentés en 4.1.3.2, le complément locatif sera à l’allatif (-lle) ou à l’illatif (-Vn) selon la nature du rapport entre la cible et le site :
Merja panee papereita pöydälle
Merja met des papiers sur la table
Merja = prénom
panee = mettre+PRES+3SG
papereita = papier+PL+PART
pöydällä = table+ALL
Merja panee papereita laatikkoon
Merja met des papiers dans le tiroir
Merja = prénom
panee = mettre+PRES+3SG
papereita = papier+PL+PART
laatikkoon = tiroir+ILL
La même chose pour un verbe avec un complément locatif qui entretient une relation d’éloignement avec la cible (l’objet de la phrase). Dans l’exemple suivant, le complément locatif est soit l’ablatif (-ltA), soit l’élatif (-stA) :
Merja ottaa papereita pöydältä
Merja prend des papiers sur la table
Merja = prénom
ottaa = prendre+PRES+3SG
papereita = papier+PL+PART
pöydältä = table+ABL
Merja ottaa papereita laatikosta
Merja prend des papiers dans le tiroir
Merja = prénom
ottaa = prendre+PRES+3SG
papereita = papier+PL+PART
laatikkosta = tiroir+ELA
Certains verbes acceptent aussi bien des compléments signifiant un éloignement qu’un rapprochement. La différence de signification engendrée par le choix de la direction en finnois est prise en compte en français par un changement de verbe. Ainsi, le verbe laina- signifie aussi bien prêter qu’ emprunter. La signification de prêter se retrouve dans l’association entre laina- et un complément à l’allatif, tandis que la signification du verbe emprunter est prise en compte par le complément à l’ablatif :
prêter = laina- .... -lle
emprunter = laina- .... -ltA
exemples:
Jussi lainaa rahaa Suville
Jussi prête de l’argent à Suvi
Jussi = prénom
lainaa = prêter+PRES+3SG
raha = argent+PART
Suvi = prénom+ILL
Jussi lainaa rahaa Suvilta
Jussi emprunte de l’argent à Suvi
Jussi = prénom
lainaa = prêter+PRES+3SG
raha = argent+PART
Suvilta = prénom+ELA
2.1.2. Les phrases intransitives
Les phrases intransitives se caractérisent par la présence d’un verbe intransitif. Ce verbe peut être un verbe simple ou un verbe réfléchi (les verbes réfléchis sont des verbes intransitifs dérivés à partir de verbes transitifs. Ex: pese- laver, peseyty- se laver, valmista- préparer, valmistautu- se préparer, näyttä- montrer, näyttäyty- se montrer, kirjoitta- écrire, kirjoittautu- s’inscrire... Sur le plan syntaxique, une phrase intransitive ne se distingue d’une phrase transitive que par l’absence d’objet. Le sujet de la phrase est au nominatif et il s’accorde avec le verbe comme le sujet d’une phrase transitive :
Lapset nukkuvat
Les enfants dorment
lapsi = enfant
nukkuvat = dormir+PRES+3PL
Lapset peseytyvät
Les enfants se lavent
lapsi = enfant
peseytyvät = se laver+PRES+3PL
Le verbe d’une phrase intransitive peut sélectionner un complément locatif dans les mêmes conditions qu’un verbe transitif. La direction du locatif est gouvernée par le choix du verbe et la distinction entre cas externes et cas internes est régie par la relation spatiale entre la cible (le sujet cette fois) et le complément locatif. Quelques exemples avec le verbe ole- être, mene- aller et tule- venir :
Cas internes
Eija on saunassa
Eija est dans le sauna
Eija = prénom
on = être+PRES+3SG
sauna = sauna+INE
Eija menee saunaan
Eija va dans le sauna
Eija = prénom
menee = aller+PRES+3SG
sauna = sauna+ILL
Eija tulee saunasta
Eija vient du sauna
Eija = prénom
tulee = venir+PRES+3SG
sauna = sauna+ELA
Cas externes
Eija on kaupungilla
Eija est en ville
Eija = prénom
on = être+PRES+3SG
kaupungilla = ville+ADE
Eija menee kaupungille
Eija va en ville
Eija = prénom
menee = aller+PRES+3SG
kaupungille = ville+ILL
Eija tulee kaupungilta
Eija vient de la ville
Eija = prénom
tulee = venir+PRES+3SG
kaupungilta = ville+ABL
2.1.3. Les phrases existentielles
Les phrases existentielles sont des phrases sans sujet dans lesquelles le verbe est invariablement à la troisième personne du singulier et toujours suivi d’un complément au nominatif ou au partitif. Le plus souvent la phrase contient un complément locatif en début de phrase. Ce complément locatif est ce dont on parle, et le complément du verbe est ce que l’on en dit. Une traduction mot à mot de ces phrases est impossible en français et repose sur une construction inversée avec un sujet indéfini ou introduite par il y a :
Kerrostalossa on hissi
(Dans l’immeuble est ascenseur)
Il y a un ascenseur dans l’immeuble
kerrostalossa = immeuble+INE
on = être+PRES+3SG
hissi = ascenseur
Lumessa näkyy jalanjälkiä
(Dans la neige apparaît traces de pas)
Des traces de pas apparaissent dans la neige
lumi = neige+INE
näkyy = apparaître+PRES+3SG
jalanjälki = « trace de pas »+PL+PART
Dans ce dernier exemple on remarquera que, contrairement au français, jalanjälkiä traces de pas n’est pas le sujet du verbe; il n’est pas au nominatif et ne s’accorde pas en personne et en nombre avec le verbe.
Le complément est au nominatif singulier lorsqu’il s’agit d’un nom comptable. Dans cette construction, il a toujours une interprétation indéfini :
Kadulla on auto
(Dans la rue est voiture)
Il y a une voiture dans la rue
Kadulla = rue+ADE
on = être+PRES+3SG
auto = voiture
Helsingistä tulee kirje
(De Helsinki vient une lettre)
Une lettre vient d’Helsinki
Helsingistä = Helsinki+ELA
tulee = venir+PRES+3SG
kirje = lettre
Un nom non comptable est au partitif singulier :
Karahvissa on vettä
(Dans la carafe est eau)
Il y a de l’eau dans la carafe
karahvissa = carafe+INE
on = être+PRES+3SG
vesi = eau+PART
Pöydällä on ruokaa
(Sur la table est nourriture)
Il y a de la nourriture sur la table
pöytä = table
on = être+PRES+3SG
ruoka = nourriture
Le complément est au partitif pluriel, lorsqu’il est question d’un indéfini pluriel (nom comptable) :
Kadulla on autoja
(Dans la rue est voitures)
Il y a des voitures dans la rue
kadulla = rue+ADE
on = être+PRES+3SG
auto = voiture+PL+PART
Helsingistä tulee kirjeitä
(De Helsinki vient des lettres)
Des lettres viennent d’Helsinki
Helsingistä = Helsinki+ELA
tulee = venir+PRES+3SG
kirjeitä = lettre+PL+PART
Le finnois n’a pas de verbe avoir. L’expression phrastique de la possession se fait au moyen d’une construction existentielle comportant le verbe ole- être et un possesseur à l’adessif (cas locatif) :
Jussilla on auto
(À Jussi est voiture)
Jussi a une voiture
Jussilla = prénom
on = être+PRES+3SG
auto = voiture
Minulla on sanakirja
J’ai un dictionnaire
minulla = je+ADE
on = être+PRES+3SG
sanakirja = dictionnaire
Hänellä on rahaa
Il/elle a de l’argent
hänellä = il/elle+ADE
on = être+PRES+3SG
rahaa = argent
Meillä on kysymyksiä
Nous avons des questions
meillä = nous+ADE
on = être+PRES+3SG
kysymyksiä = question+PL+PART
Le complément peut parfois se présenter sous la forme d’un nominatif pluriel. Étant donné le caractère défini du nominatif pluriel, la présence de ce type de complément induit une interprétation particulière selon laquelle le complément est une propriété caractéristique du locatif. La différence d’interprétation apparaît clairement si l’on met en opposition le nominatif pluriel (forme particulière) avec le partitif pluriel (forme générale) :
Huoneessa on suuret ikkunat
La pièce a de grandes fenêtres
huoneessa = pièce
on = être+PRES+3SG
suuret = grand(e)+PL
ikkunat = fenêtre+PL
Huoneessa on suuria ikkunoita
La pièce a de grandes fenêtres
huoneessa = pièce
on = être+PRES+3SG
suuria = grand(e)+PL+PART
ikkunoita = fenêtre+PL+PART
La différence de sens n’apparaît pas directement en français. Dans la première phrase, l’emploi du nominatif pluriel implique que toutes les fenêtres sont grandes. Il s’agit par conséquent d’une propriété qui caractérise la pièce. Dans la seconde phrase, l’emploi du partitif pluriel permet d'introduire une interprétation partitive : il y a de grandes fenêtres (parmi l'ensemble des fenêtres).
2.2. La négation
La négation se présente sous la forme originale d’un auxiliaire fléchi (e-, ei), c’est à dire d’un auxiliaire pourvu d’une marque de personne, tandis que le verbe garde la marque de temps ou de mode. Comparons les deux formes verbales :
Forme verbale positive puhu- parler | |||
---|---|---|---|
1SG | (minä) | puhun | je parle |
2SG | (sinä) | puhut | tu parles |
3sG | hän | puhuu | il/elle parle |
1PL | (me) | puhumme | nous parlons |
2PL | (te) | puhutte | vous parlez |
3PL | he | puhuvat | ils/elles parlent |
Forme verbale négative puhu- parler | ||||
---|---|---|---|---|
1SG | (minä) | en | puhu | je ne parle pas |
2SG | (sinä) | et | puhu | tu ne parles pas |
3sG | hän | ei | puhu | il/elle ne parle pas |
1PL | (me) | emme | puhu | nous ne parlons pas |
2PL | (te) | ette | puhu | vous ne parlez pas |
3PL | he | eivät | puhu | ils/elles ne parlent pas |
Du fait de la présence obligatoire des désinences personnelles sur la négation, on décrit souvent la négation du finnois comme un verbe conjugué. Il s’agit plutôt d’une sorte d’auxiliaire. Contrairement aux verbes, la négation ne prend pas les marques de temps et elle n’a pas de formes infinitives et ni de participes.
L’objet d’une phrase négative - pronom ou nom - est toujours au partitif :
Pekka näkee minut
Pekka me voit
Pekka = prénom
näkee = voir+PRES+3SG
minut = me+ACC
Pekka ei näe minua
(Pekka NEG voir moi)
Pekka ne me voit pas
Pekka = prénom
ei = négation+3SG
näe = voir+PRES
minua = me+PART
Pekka ostaa sanomalehden
Pekka achète le journal
Pekka = prénom
ostaa = acheter+PRES+3SG
sanomalehden = journal+GEN
Pekka ei osta sanomalehteä
(lit : Pekka NEG acheter le journal)
Pekka n’achète pas le journal
Pekka = prénom
ei = négation+3SG
osta = acheter+PRES
sanomalehteä = journal+PART
Jussilla on auto
(lit : À Jussi est voiture)
Jussi a une voiture
Jussi = prénom
on = être+PRES+3SG
auto = voiture
Jussilla ei ole autoa
(lit : À Jussi NEG être voiture)
Jussi n’a pas de voiture
Jussi = prénom
ei = négation+3SG
on = être+PRES
auto = voiture+PART
2.3. L’interrogation
Les phrases interrogatives sont formées très simplement par adjonction de la particule interrogative -kO (-ko/-kö) sur le constituant interrogé ou par l’emploi d’un pronom interrogatif. Dans les deux cas, le terme interrogatif est déplacé en début de phrase.
Les phrases interrogatives sont de deux types selon la nature de la réponse donnée : Les questions donnant lieu à une réponse par oui ou par non forment les questions totales (elles portent sur l’ensemble de la phrase). Les questions formulées au moyen d’un mot interrogatif et donnant lieu à une réponse par un constituant de même statut que le mot interrogatif forment les questions partielles.
2.3.1. L’interrogation totale
Une question portant sur l’ensemble de la phrase est formée par suffixation au verbe de la particule -kO. Le verbe est alors placé en début de phrase :
Tuleeko Eija huomenna ?
(lit : vient+kO Eija demain)
Eija vient-elle demain ?
tuleeko = venir+PRES+3SG+INT
Eija = prénom
Huomenna = demain
Tuletko huomenna ?
(lit : viens+kO demain)
Viens-tu demain ?
tuletko = venir+PRES+2SG+INT
Huomenna = demain
Ovatko lapset kadulla ?
(lit : sont+kO enfants dans la rue)
Les enfants sont-ils dans la rue ?
ovatko = être+PRES+3PL
lapset = enfant+PL
kadulla = rue+ADE
Meneekö Jussi Helsinkiin ?
(lit : Va+kO Jussi à Helsinki)
Jussi ira-t-il à Helsinki ?
meneekö = aller+PRES+3SG+INT
Jussi = prénom
Helsinkiin = Helsinki+ILL
Onko sinulla sanakirja ?
(lit : Est+kO tu dictionnaire)
As-tu un dictionnaire ?
onko = être+PRES+3SG+INT
sinulla = tu+ADE
sanakirja = dictionnaire
Oui et non n’existent pas vraiment en finnois. On emploie cependant comme formes brèves joo ou juu et kyllä (certes) pour l’affirmation et la négation fléchies (en, et, ei...) pour la négation. La réponse à une question totale repose notamment sur la reprise affirmative ou négative du verbe. Si la réponse est négative, la négation fléchie suffit.
Exemples :
question :
Tuleeko Eija huomenna ?
Eija vient-elle demain ?
Tuleeko = venir+PRES+3SG+INT
Eija = prénom
huomenna = demain
réponse positive :
Joo / Kyllä (= oui)
ou
Tulee
vient+PRES+3SG
Elle vient/viendra.
ou
Eija tulee huomenna
Eija venir+PRES+3SG demain
Eija vient/viendra demain
réponse négative :
Ei
NEG+3SG
= non
ou
Ei tule
NEG+3SG venir+PRES
Elle ne vient/viendrai pas
ou
Eija ei tule huomenna
Eija NEG+3SG venir+PRES demain
Eija ne vient/viendra pas demain
question :
Tuletko huomenna ?
Viens-tu demain ?
Tuletko = venir+PRES+2SG+INT
huomenna = demain
réponse positive :
Joo / Kyllä (≈ oui)
ou
Tulen
venir+PRES+1SG
Je viens/viendrai.
ou
Tulen huomenna
venir+PRES+1SG demain
Je viens/viendrai demain.
réponse négative :
En
NEG+1SG
≈ non
ou
En tule
NEG+1SG venir+PRES
Je ne viens/viendrai pas.
ou
En tule huomenna
NEG+1SG venir+PRES demain
Je ne viens/viendrai pas demain
2.3.2. L’interrogation partielle
Le mot interrogatif est soit un pronom soit un constituant de phrase augmenté de la particule -kO.
Quelques pronoms interrogatifs :
Quelques exemples de phrases avec pronom interrogatif :
Kuka tulee huomenna ?
Qui vient demain ?
kuka = qui (nominatif)
tulee = venir+PRES+3SG
huomenna = demain
Missä Suvi on ?
Où est Suvi ?
missä = où (nominatif)
Suvi = prénom
on = être+PRES+3SG
Kenellä on sanakirja ?
(Qui+ADE est dictionnaire)
Qui a un dictionnaire ?
Kenellä = qui (adessif)
on = être+PRES+3SG
sanakirja = dictionnaire
Kenet Jussi tapasi ?
Qui Jussi a-t-il rencontré ?
Kenet = qui (accusatif)
Jussi = prénom
tapasi = rencontrer+PRET+3SG
La réponse a une question partielle se fait au moyen d’un constituant fléchi ; le nom ou le pronom de la réponse présente le cas morphologique qu’il aurait dans une phrase affirmative. Les réponses aux questions précédentes peuvent être les suivantes:
Jussi Jussi (nominatif, cas du sujet)
Kadulla dans la rue (adessif, cas du locatif)
minulla moi (adessif, cas du possesseur phrastique)
minut/Suvin moi/Suvi (accusatif/génitif, cas de l’objet)
2.3.3. L’interrogation emphatique
En lieu et place d’un pronom interrogatif, une question partielle peut porter sur un constituant de phrase signalé par le suffixe -kO :
Jussiko tulee huomenna ?
(lit : Jussi+kO vient demain)
Est-ce Jussi qui vient demain ?
Jussiko = prénom+INT
tulee = venir+PRES+3SG
huomenna = demain
Sanomalehteäkö luet ?
(lit : journal+kO tu lis ?)
Est-ce le journal que tu lis ?
sanomalehteäkö = journal+PART+INT
Luet = lire+PRES+2SG
Kenellä on sanakirja ?
(lit : Qui+ADE est dictionnaire)
Qui a un dictionnaire ?
Kenellä = qui (adessif)
on = être+PRES+3SG
sanakirja = dictionnaire
Kenet Jussi tapasi ?
Qui Jussi a-t-il rencontré ?
Kenet = qui (accusatif)
Jussi = prénom
tapasi=rencontrer+PRET+3SG
2.4. L’ordre des constituants de la phase
L’ordre des mots est libre. Pour être plus précis, il s’agit de l’ordre des constituants majeurs de la phrase : sujet, verbe et complément(s).
Si les constituant de la phrase peuvent changer de place, l’organisation interne des syntagmes est rigide. Par exemple, l’ordre relatif du nom, du génitif et de l’adjectif est fixe. Le génitif et l’adjectif précèdent le nom, le génitif précède l’adjectif :
Jussin auto
la voiture de Jussi
Jussi = prénom+GEN
auto = voiture
uusi auto
nouvelle voiture
uusi = nouveau/nouvelle
auto = voiture
Jussin uusi auto
la nouvelle voiture de Jussi
Jussi = prénom+GEN
uusi = nouveau/nouvelle
auto = voiture
La variation d’ordre des constituants syntaxiques est rendue possible par le marquage casuel. Les constituants de la phrase étant identifiés dans leur fonction syntaxique par les cas morphologiques, la place relative du sujet et de l’objet peut servir à autre chose que l’identification des fonctions. Elle sert à introduire des variations de sens qui dépendent de la situation de communication. On place en tête de phrase ce dont on veut parler.
La séquence Sujet - Verbe - Complément(s) - le complément pouvant être absent - est l’ordre neutre, et ce, quel que soit le type de phrase.
A partir des trois termes rencontrés dans les phrases transitives Sujet Verbe et Objet, deux ordres dominent dans la langue: SVO et OVS, le second correspondant à une permutation du sujet et de l’objet. L’ordre SVO est employé dès lors que l’on dit quelque chose du sujet. L’ordre OVS est employé toutes les fois que l’on pose l’objet comme étant ce dont on veut parler :
SVO Jussi kuvasi Liisan
Jussi+NOM photographier+PRÉT+3SG Liisa+GEN
Jussi a photographié Liisa
OVS Liisan kuvasi Jussi
Liisa a été photographiée par Jussi
Comme le montre la traduction, la phrase OVS est la façon la plus naturelle de traduire une phrase passive.
A partir des deux agencements SVO et OVS qui organisent la phrase transitive à partir du sujet ou de l’objet choisi comme thème (exemples SVO et OVS), l’interversion de deux des trois termes induit une interprétation contrastive (exemples SOV et OSV) ou emphatique (exemples VSO et OVS) :
SVO Jussi kuvasi Liisan
Jussi+NOM photographier+PRÉT+3SG Liisa+GEN
Jussi a photographié Liisa
SOV Jussi Liisan kuvasi
C'est Jussi qui a photographié Liisa
(et non pas quelqu’un d’autre)
VSO Kuvasi Jussi Liisan
Jussi a bel et bien photographié Liisa
OVS Liisan kuvasi Jussi
Liisa a été photographiée par Jussi
OSV Liisan Jussi kuvasi
C’est Liisa que Jussi a photographiée
(et non pas quelqu’un d’autre)
VOS Kuvasi Liisan Jussi
Liisa a bel et bien été photographiée par Jussi
Faire les exercices 16, 17, 18, 19, 20 et 21
Abréviations
Abréviation | Morphème | Suffixe(s) | Type | Exemple |
---|---|---|---|---|
1SG | 1ère personne du singulier | -n | flexion | puhun |
3 | 3ème personne | -nsA -Vn |
flexion | talonsa sa maison / leur maison talossaan dans sa maison |
3PL | 3ème personne du pluriel | -vAt | flexion | puhuvat ils/elles parlent |
ABE | Abessif | -ttA | flexion | rahatta sans argent |
ABL | ablatif | -ltA | flexion | - |
ACC | accusatif | -llA | flexion | Hän näkee minut. Il/elle me voit. |
ADE | adessif | -t (pronom) | flexion | - |
ALL | allatif | -lle | flexion | - |
AUX | auxiliaire | - | flexion | - |
CAS | cas | - | flexion | - |
COM | comitatif | -ine+POSS | flexion | - |
COND | conditionnel | - | flexion | - |
DER | Morphème dérivationnel | - | dérivation | - |
ELA | élatif | -ltA | flexion | - |
ESS | essif | -nA | flexion | - |
FACT | factitif | -ttA | dérivation | syö- manger, syöttä- faire manger/nourrir |
GEN | génitif | -n | flexion | talon katto le toit de la maison |
ILL | illatif | -Vn | flexion | laatikkoon dans le tiroir |
IMP/2PL | impératif | -kAA | flexion | puhukaa parlez |
INE | inessif | -ssA | flexion | talossa dans la maison |
INT | interrogatif | -kO | flexion | tuletko ? |
INF | infinitif | -(t)a | flexion | puhua parler |
INS | instructif | -in | flexion | - |
Lit | littéralement | - | - | - |
NBR | nombre | - | flexion | - |
NOM | nominatif | -ø | flexion | - |
N° | Radical nominal | - | flexion | - |
P/PAS | Participe passé | -nUt | flexion | syönyt mangé(e) |
PART | partitif | -(t)A | flexion | taloa maison |
PASS | passif | -(t)tA | flexion | puhutaan on parle |
PER | Morphème de personne | - | flexion | - |
PL | pluriel | -t -i |
flexion | talot
les maisons taloissa dans les maisons |
POSS | Désinence possessive | -ni... | flexion | taloni ma maison |
POT | potentiel | - | flexion | - |
PRES | présent | -ø | flexion | puhun = puhu+ø+n je parle |
PRET | prétérit | -i | flexion | puhuin = puhu+i+n j’ai parlé |
PTC | particule | -kin... | flexion | minäkin moi aussi |
REFL | réfléchi | -UtU | dérivation | pese- laver peseytyä se laver |
SG | singulier | -ø | flexion | - |
TPS | temps/mode | - | flexion | - |
TRA | translatif | -ksi | flexion | - |
Bibliographie
- Fred Karlsson, 1983, Finnish Grammar, Werner Söderström, Porvoo.
- Fred Karlsson, 1999, Finnish. An Essential Grammar, Routledge, London, New York.
Helena Sulkala & Merja Karjalainen,1992, Finnish, Routledge, London, New York.