2. Exercices de phonologie

Exercice 28 : Corpus japonais (transcription phonétique)

Les données sont empruntées à l’ouvrage de Natsuko Tsujimura, 1996, An Introduction to Japanese Linguictics, Blackwell, Cambridge Mass.

Les consonnes [t], [t͡s] et [t͡ʃ] sont trois variantes du même phonème.

[koto] chose [toke:] montre
[kat͡ʃi] valeur [tat͡sɯ] rester
[ɯt͡ʃi]* maison [taterɯ] construit
[kita] est venu [mot͡ʃi] gâteau de riz
[tabete] manger [it͡sɯ] quand
[t͡sɯkaɯ] utiliser [otoko] homme
[ɯt͡sɯ] frapper [ket͡ʃi] avare
[tet͡sɯdaɯ] aide [mat͡sɯ] pin
[hit͡sɯyo:] besoin [t͡ʃikakɯ] près
[ɯta] chanson [ot͡ʃirɯ] tomber
[aret͡ʃi] terrain vague

*La voyelle [ɯ] est une voyelle fermée postérieure et étirée. Dans les transcriptions simplifiées du japonais, elle est souvent notée [u] qui est le symbole phonétique de la voyelle arrondie, alors que la voyelle fermée postérieure du japonais est étirée.

  1. Quelle est la différence phonétique entre ces trois consonnes ?

  2. Faites la distribution des trois consonnes et précisez la nature du contexte de chacune d’elles.

  3. Laquelle des trois consonnes peut être retenue comme représentant le phonème correspondant ?

  4. Proposez une explication phonétique pour la distribution des deux variantes.

Corrigé Exercice 28
  1. La consonne [t] est une occlusive dentale, [t͡s] est une consonne affriquée alvéolaire et [t͡ʃ] est une consonne affriquée alvéo-palatale (ou post-alvéolaire).

  2. Distribution des trois consonnes :

  3. [t] [t͡s] [t͡ʃ]
    [toke:]
    [ɯta]
    [koto]
    [taterɯ]
    [kita]
    [tabete]
    [otoko]
    [it͡sɯ]
    [t͡sɯkaɯ]
    [tat͡sɯ]
    [ɯt͡sɯ]
    [tet͡sɯdaɯ]
    [mat͡sɯ]
    [hit͡sɯyo:]
    [t͡ʃikakɯ]
    [ot͡ʃirɯ]
    [kat͡ʃi]
    [mot͡ʃi]
    [ɯt͡ʃi]
    [ket͡ʃi]
    [aret͡ʃi]
    • [t] est devant les voyelles [o], [a] et [e]

    • [t͡s] est devant la voyelle [ɯ]

    • [t͡ʃ] est devant la voyelle [i]

  4. La consonne [t] est retenue comme représentant du phonème dès lors que cette consonne apparaît dans le plus grand nombre de contextes différents alors que les consonnes [t͡s] et [t͡ʃ] sont liées associées l’un et l’autre à une seule voyelle.

    Schématiquement, on peut résumer l'analyse comme suit :

    Ligne 1

    Explication phonétique : Les deux variantes affriquées [t͡s] et [t͡ʃ] sont le résultat d’une assimilation du mode d’articulation et également du point d’articulation pour la consonne [t͡ʃ]. Au contact d’une voyelle fermée, la consonne occlusive est réalisée avec un léger relâchement de l’occlusion, ce qui correspond à une affrication. La consonne occlusive, en devenant une affriquée, anticipe le libre passage de l’air de la voyelle subséquente. Ce phénomène d’affrication ne concerne que les voyelles fermées [i] et [ɯ] car elles sont plus proches des consonnes qui par nature ont une réalisation plus fermées. Par ailleurs, la consonne affriquée [t͡ʃ] (alvéo-palatale) anticipe la réalisation de la voyelle palatale (ou antérieure) en adoptant le point d’articulation de la voyelle et se reproche ainsi de la zone palatale.